cinq livres

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jeudi 16 octobre 2014

fable pour adultes # 1 / Petit Papillon


Petit Papillon...
Petit Papillon, à peine sorti de son cocon, déplia délicatement ses ailes pour laisser celles-ci sécher. Un bref regard à ses nouveaux attributs lui suffit pour qu'il s'exclame:
 
- Wow! Que je suis magnifique!
Il se sentait heureux et comblé de ce qu'il était devenu. Confiant, ressentant que c'était précisément ce qu'il avait à faire, il battit des ailes, d'abord doucement, puis avec un peu plus de vigueur. Il repensa à sa vie de chenille, une existence qu'il avait bien aimée d'ailleurs, faites de nonchalance et de farniente, à se promener et à manger tout ce qu'il pouvait se mettre sous la dent. Mais là, en voyant ce que le cocon lui avait permis de devenir, il en fut très ému.
Car il se souvenait des quelques inquiétudes qu'il avait ressenties lorsqu'il avait dû se fixer à une branche pour tisser un cocon. Pourquoi avait-il douter de ce qui l'attendait alors que tout en lui, l'amenait à poser ces gestes-là? Car il se souvenait de ce temps d'attente, confiné dans l'espace restreint du cocon où plusieurs angoisses avaient fait vibrer son petit coeur fragile. Pourquoi avait-il laissé les doutes s'installer si souvent en lui? Mais fort heureusement, il se souvenait aussi, de ces doux moments, où bien à l'abri du cocon, il s'était laissé bercer par la brise et où il avait pu, décidant d'être confiant, faire des projets en vue de ce qu'il allait devenir.
On lui avait raconté que cette transformation allait changer sa vie. Était-ce là la vérité? Était-il vrai qu'il allait pouvoir voyager, aller bien plus loin et bien plus haut que tout ce qu'il aurait pu espérer alors qu'il n'était qu'une simple chenille? Finalement, décidé à ne croire qu'au meilleur, il avait profité de ce temps de répit, bien emmailloté dans les fils qui le protégeait des rigueurs du monde extérieur, pour rêver de ce qu'il ferait de son avenir.
En ce jour de renaissance, il regarda le ciel, ébloui par toute cette immensité, se demandant si le temps était venu de s'envoler. Il repéra, à quelques centimètres de lui une petite branche qui ferait sûrement l'affaire pour son premier atterrissage. Car prendre son envol, se lancer dans l'inconnu, lui faisait quand même un peu peur. Il donna de l'ampleur à son battement d'ailes, sentant alors son petit coeur de papillon tambouriner bien fort dans sa poitrine. Malgré son envie de rejoindre le ciel, de ressentir ce sentiment nouveau de liberté, il hésitait encore.
Et si... Et si...

Il secoua lentement la tête pour chasser ces idées sombres. Une à une, il se dégourdit les pattes. Puis il fixa son objectif: cette tige si près et si loin de lui à la fois. Il prit une profonde inspiration puis... il s'envola. Et avec une étonnante facilité, peut-être parce qu'il s'y était préparé un nombre plutôt impressionant de fois en esprit, il atteignit le but qu'il s'était fixé.
La tige frêle vacillait et comme Petit Papillon avait gagné en confiance, il décida de ne pas s'y attarder. Il ouvrit toutes grandes ses ailes, les déployant dans leur totale amplitude, puis s'élançant de nouveau, il choisit de se diriger vers le ciel beau et grand qui l'appelait si fortement. Opter pour un défi plus petit aurait été plus aisé à réaliser mais cela aurait été, il le savait, beaucoup moins enivrant. Et il avait bien raison car ce qu'il ressentit en s'élevant toujours plus haut dans le firemament le transporta de joie.

-Quelle joie! cria-t-il. Quelle joie d'être un papillon!
Et les jours passèrent. Petit Papillon ne se lassait nullement de sa vie de... papillon. Il aimait s'aventurer de ci, de là, et les découvertes qu'il faisait l'émerveillaient toujours. Lorsque sur son passage, il lui arrivait cependant de croiser une chenille, il ne pouvait résister et il prenait le temps de se poser près de celle-ci. Il lui racontait alors, avec d'infinis détails, de quoi serait fait sa vie, lorsque l'étape du cocon serait traversée.
-Emmagasine tout ce dont tu as besoin pour devenir forte! Ainsi seulement ta transformation sera un succès. Prends soin de toi et ne garde dans ton esprit que tes plus inspirantes pensées.

-Bof... J'aime bien ma vie tu sais. Et puis... ajouta la petite chenille après un bref regard à Petit Papillon, moi j'aime bien la terre ferme!

-Pourtant! Il n'y a rien de mieux que le ciel!

-Ah bon, répondit-elle alors, tout en mâchouillant une brindille.

-Et quand tes heures se feront noires au coeur de ton cocon, choisis de voir en couleurs. Pense à ce que tu pourras accomplir et à comment tu t'y prendras pour y arriver.
-Justement! Il paraît que le temps passé dans le cocon est interminable!

-Alors petite chenille, moi je te dis, profites de ces jours-là pour t'imaginer virevoltant dans un ciel magnifique, à t'abreuver des plus délicieux nectars et à t'émerveiller de tout ce qui fera alors parti de ta nouvelle vie.

-Tu n'exagères pas un peu tout de même? répliqua-t-elle alors.

-Mais pas du tout. Si tu t'y prépares bien, chacun de tes jours de papillon te semblera être le plus merveilleux qui soit.

La peite chenille, loin d'être convaincue par les propos enflammés de Petit Papillon, continua alors son chemin. Petit Papillon savait que la petite chenille doutait de ce qu'il venait de lui révéler alors qu'il ne disait pourtant que la vérité. Il se sentait un peu triste mais il savait aussi, que les plus grandes leçons de la vie sont celles que l'on apprend par soi-même. Il espéra quand même que ce qu'il venait de lui dire ferait son chemin en elle. Il souhaita que la petite chenille, lorsqu'elle s'installerait dans son cocon, se souviendrait de ses paroles encourageantes et réconfortantes.
Petit Papillon s'adonnait, la plupart du temps, à ce qu'il aimait le mieux faire: Soit de faire des cabrioles, de plus en plus complexes, dans ce ciel qui était devenu son terrain de jeux. Il aimait aussi, se poser sur les fleurs et goûter leur nectar. Il se plaisait à essayer toutes les fleurs qu'il découvrait sur sa route. Certaines le contentait plus que d'autres et ainsi, il en apprenait un peu plus chaque jour sur le monde des fleurs. Il en était de même pour les courants d'air. Il y avait les doux, les chauds, les ascendants et les descendants. Chacun lui était utile pour quelque chose. Les brusques étaient cependant ceux qu'il appréciait le moins.
Mais comme Petit Papillon aimait bien bavardé, il s'attardait souvent à converser avec les différents êtres vivants qu'il rencontrait.
-Bonjour toi! Quel est ton nom? demandat-il sans s'embarrasser de toute autre présentation.

-Je suis une vache.

- Ah bon, répondit Petit Papillon très intéressé. Et qu'étais-tu avant?

-Quelle drôle de question? J'ai, bien sûr, toujours été une vache!

-Tu en es bien certaine?
Le silence de la vache ne découragea point Petit Papillon qui avait toujours quelque chose à dire.
 
-Moi avant, j'étais une chenille plutôt gloutonne et insouciante. Mais maintenant, je suis un papillon intrépide et curieux!

-Ah bon, répondit alors la vache qui ne semblait nullement impressionnée par une telle révélation.
Et celle-ci s'éloigna de quelques pas pour pouvoir, l'espérait-elle, brouter en paix. Sans plus insister, Petit Papillon repit sa route. Et ainsi, il s'arrêtait, apprenant à reconnaître plusieurs animaux, par leurs noms et par leurs habitudes. Puis un jour, il se posa devant une drôle de créature. Celle-ci ne ressemblait en rien à celles dont il avait fait la connaissance jusqu'ici.
-Quel est ton nom? demanda Petit Papillon, fidèle comme toujours à sa question d'introduction.

Je m'appelle Raphaël et je suis un homme.

-Et qu'étais-tu avant?
L'homme se gratta la tête en froncant les sourcils, essayant de comprendre le réel sens de cette question.
-Quelle étrange question? finit-il par dire.

-Et est-ce que vous avez une étrange réponse pour moi? insista Petit Papillon.

-Je ne sais pas trop...

-Moi avant, j'étais une chenille plutôt gloutonne et insouciante. Mais maintenant, je suis un papillon intrépide et curieux!
Le visage de l'homme s'éclaira.

-Tu sais Petit Papillon, ce que tu viens de me dire me fait réaliser quelque chose.

-Quoi? Quoi? ajouta Petit Papillon qui était toujours avide de nouvelles connaissances.

-Et bien... C'est un peu compliqué à expliquer.

-Allez-y! J'ai tout mon temps!
 
Voilà que Petit Papillon s'était arrêté près d'un homme qui aimait se laisser aller à philosopher... ce qui ne pouvait d'ailleurs que la ravir!
-Je suis un homme, certes. Mais je ne peux affirmer être identique à celui que j'étais hier.

-Que voulez-vous dire?

-Comme pour toi, il fut un temps où j'étais insouciant et plutôt... glouton, ajouta-t-il en souriant. Mais il est aussi venu un temps où tout cela ne m'a plus satisfait et que je me suis mis à imaginer une vie meilleure.
-Ah! fit Petit Papillon. Ce temps-là est arrivé pour moi au moment où je dus tisser mon cocon.

-Ah oui! J'aime bien cette image tu sais. Pour ma part, je suis alors retourné vers moi-même, un peu comme toi dans ton cocon, afin de bien comprendre qui j'étais mais surtout pour déterminer clairement ce que je voulais devenir.

-Voilà ce que moi aussi j'ai fait! J'ai rêvé avec précision de quoi serait fait ma vie de papillon!

-Et cela foncitonné? demanda l'homme, lui aussi très heureux de cette rencontre fortuite.

-Oui. Bien sûr, j'étais un peu nerveux d'entreprendre cette nouvelle vie. Après tout, cela m'était totalement inconnu. Je me suis d'abord fixé de petits objectifs qui m'ont rassurés sur mes capacités, mais depuis, j'ai gagné en assurance et plus rien ne peut m'arrêter!
Encore une fois, l'homme fut surpris par les similitudes entre le parcours de Petit Papillon et le sien.
-Mon aventure est semblable à la tienne cher ami. Quand j'ai eu déterminé avec attention ce que je voulais faire de ma vie, je me suis engagé envers moi-même, à réussir. Et je n'ai rien ménager pour y arriver. Comme pour toi, mes premiers objectifs furent petits mais ils me donnèrent courage et m'indiquèrent que j'étais sur la bonne voie.

-Et ce que l'on ressent alors est tellement merveilleux! ajouta Petit Papillon qui avait les yeux tout brillants tellement cette conversation l'enthousiasmait.

-Oui, tu as raison. Se sentir fier de ce que l'on devient et de ce que l'on peut accomplir est vraiment merveilleux! Comme toi, je me suis, lentement mais sûrement, transformé. Comme toi je suis devenu intrépide et curieux!
C'était la première fois que Petit Papillon pouvait échanger avec quelqu'un qui partageait ses opinions et cela ne fit que renforcer ces idées qu'il chérissait tant.
-Merci, dit-il à l'homme avec sincérité. Cette conversation fut très agréable. Mais je dois maintenant partir. Un très long voyage m'attend. Je ne sais pas encore de quoi il sera fait mais tout en moi me dit qu'il est temps de l'entreprendre. J'ai la conviction que j'ai déjà en moi tout ce qu'il me faut pour réussir.

-Je ferai comme toi cher ami. Moi aussi j'ai beaucoup d'autres voyages qui m'attendent.
Sans plus attendre, Petit papillon prit son envol et l'homme le suivit des yeux. Il était surpris mais surtout très content d'avoir découvert, lors de cette brève mais si formidable rencontre, quelque chose d'aussi important sur lui-même: Autrefois, il avait été une chenille... puis grâce au travail qu'il avait fait sur lui-même, puis grâce au aux changements qu'il avait effectués dans sa vie, il était devenu un papillon intrépide et curieux. Et voilà que maintenant, tout comme pour son ami, le ciel lui appartenait.



























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