cinq livres

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mercredi 10 décembre 2014

fable pour adultes / la boîte-cadeau / page # 9... et fin.


     Le silence perdurait et le vieil homme y alla de l'essentiel de son message.
-Sachez saisir ce qui vous rend heureux. Exclamez-vous pour l'oiseau qui chante, pour le vol d'un papillon ou pour l'épanouissement d'une fleur. Que chaque sourire, que chaque flocon, que chaque main tendue soit pour vous un cadeau dont vous savez reconnaître la réelle valeur. Que l'instant présent vous ravisse. Qu'aujourd'hui soit le plus beau jour de votre vie. Que merci soit un mot qui franchisse vos lèvres aisément pour témoigner de votre reconnaissance pour l'infini abondance dont votre vie est faite. Chantez! Dansez! Riez! Que ce qui vous inspire et vous passionne, que ce qui fait tressaillir votre coeur soit ce qui habite en chacun de vos jours. Et si vous ne deviez en retenir qu'un seul mot, que celui-ci soit ÉMERVEILLEMENT.
      Le vieil homme se tu un instant pour reprendre son souffle. La foule immobile devant lui attendait la suite de son discours plutôt surprenant.
-Sachez concevoir votre avenir en grandeurs et en couleurs. Que vos visions de ce qui adviendra soient claires et lumineuses et qu'elles reflètent les désirs pour lesquels vous êtes le plus attachés. Que votre esprit n'accepte que ce qui est à la hauteur de ce que vous voulez réaliser. Laissez votre sens créatif se déployer et élaborer les scénarios les plus précis qui soient quant à ce qui vous anime. Que vos mots reflètent vos réelles intentions. Que vos actions soient menées avec précision et ardeur pour ce qui vous enflamme. Sachez dire oui à tout ce que votre être revendique avec ferveur. Créez en toute liberté ce pourquoi vous croyez être né. Que la mission qui vit en votre coeur soit aussi celle qui habite en chacun de vos jours. Et si vous ne deviez en retenir qu'un seul mot, que celui- ci soit IMAGINATION.
      Cette fois, le vieil homme prit une pause afin de laisser s'atténuer
l'émotion qui commençait à le gagner. Ces mots-là avaient toujours ce même effet sur lui... comme apparement sur les autres personnes à qui il les detinaient. Il se décida à partager le troisième point de son message.
-Sachez manifester vos certitudes envers ce qui adviendra. Soyez optimiste quant aux situations qui se présentent à vous. Que pour chaque moment difficile vous soit révélé une leçon. Que pour chaque tristesse il y ait ensuite l'espoir en un renouveau. Que pour chaque changement de cap, il y ait ensuite un horizon éclatant de lumière. Sachez que ce que vous croyez de toutes vos forces sera votre vérité: Votre réalité. Croyez en la parfaite perfection de votre vie. Que cette confiance soit établie sur le roc et que jamais vous ne vous en détachiez. Les buts que vous vous fixez sont aussi ceux que la vie a pour vous. Que votre engagement envers qui vous êtes, envers vos capacités et envers vos rêves en soit un qui éclaire chacun de vos jours. Et si vous ne deviez en retenir qu'un seul mot, que celui-ci soit FOI.
-Vous avez dit que ce que l'on trouverait dans la boîte nous appartiendrait!
      Il y avait de la contrariété dans cette voix, mais tout de même, le vieil homme su y percevoir un appel à l'espoir.
-Et ainsi il en sera: Que la magie de cette boîte vous indique la voie à suivre.
      Doucement, il toucha la boîte puis il s'éloigna d'elle de quelques pas, sachant que dorénavant, elle appartenait aux gens d'ici.
-Nous avons beaucoup à apprendre.

      Cette voix toute douce, venue d'il ne savait où dans la foule fit sourire le vieil homme.
-À celui qui a un coeur d'enfant, tout est possible. À celui qui sait faire preuve d'émerveillement, d'imagination et de foi tout sera offert.
      D'une voix de plus en plus troublée par l'émotion, le vieil homme y alla de ce qui allait être les dernières phrases de son allocution.
-Alors je vous souhaite, le plus sincèrement qui soit, d'être ceux par qui tout est possible. Soyez ceux dont le regard brille avec éclat, dont le coeur tressaille et dont l'enthousiasme se fait enflammé. Soyez ceux dont les idées fleurissent, dont les projets prennent leur envol et dont les défis sont avantageusement relevés. Soyez ceux qui voient au-delà de ce que leurs yeux peuvent voir, qui peuvent saisir les mots qu'un silence peut transporter et qui peuvent être touchés même de par ce qui est invisible. Soyez ceux dont la joie est un objectif quotidien, dont le bonheur est leur succès le plus retentissant et dont l'amour est au premier plan de leur vie. Soyez ceux dont l'intuition se manifeste avec clarté, dont l'inspiration s'installe sans restriction et dont la vie se voit être une suite d'aventures merveilleuses. Soyez ceux dont la persévérance est à toute épreuve, dont le courage est sans limite et dont les forces sont inépuisables. Soyez, tout simplement, ceux dont le coeur est le guide.
      Sachant qu'il n'y avait plus rien à ajouter à tout cela, sans un regard pour ceux qu'il allait quitter, le vieil homme se chargea de son sac. Il saisit son bâton de marche et il se dirigea vers la route.
      Et ce fut, sous un tonnerre d'applaudissements et d'acclamations que le vieil homme quitta ce village très très lointain.
***

fable pour adultes / la boîte-cadeau / page # 8


-Vraiment? dit le vieil homme tout en se penchant vers l'enfant.
-Hum... Oui, répondit-il tout en se dandinant, mal à l'aise de toute cette attention qu'on lui portait.
-Moi aussi j'y ai vu quelque chose, ajouta finalement Alexis en s'avançant lui aussi d'un pas, rejoignant ainsi Sébastien.
      Le vieil homme, plus confiant, reprit:
-Et y a-t-il quelqu'un d'autre qui y ait vu quelque chose?
      De petites mains mitainées se levèrent lentement, à la grande surprise de tous les adultes présents. Se tournant vers Sébastien, le vieil homme lui demanda:
-Et qu'y as-tu vu?
-Et bien... commença Sébastien, prenant son temps, désireux de bien raconter ce qu'il y avait vu. C'était comme un film. Je me suis vu, travaillant dans d'immenses jardins. Il y avait des gens avec moi à qui je faisais visiter les jardins, leurs décrivant ce qui s'y trouvait.
-Et moi, je me suis vue, jouant avec des enfants à la peau noire, près d'une cabane de paille.
-Moi, je me suis vu, serrant la main des gens venus me féliciter suite à un spectacle que je venais de donner.
-Moi je me suis vue, sur un immense bateau, à prendre des photos de baleines.
-Moi, je me suis vu, dans un salon, à lire des histoires à des enfants.
      Chaque enfant y alla d'une brève description de ce qu'il avait vu dans la boîte. Les adultes n'y comprenaient rien, le vieil homme se tenait le ventre tellement il riait et les enfants sautaient de joie tellement ils étaient contents de pouvoir enfin dire librement ce qu'ils avaient vu. Lorsque enfin le silence revint, le vieil homme hocha doucement de la tête, plutôt satisfait de ce qu'il venait d'entendre.
-Comment ont-ils pu y voir quelque chose alors que pour nous, il n'y eut rien du tout, commenta l'enseignante de Sébastien.
      Cela fit bien rire le vieil homme qui avait grand hâte de répondre.
-À vrai dire, l'explication à tout cela est pourtant fort simple.
      Alors que tous attendaient avec impatience ce que le vieil homme allait dire, celui-ci prit plaisir à laisser les secondes s'étirer avant de leur livrer le secret qu'il avait à leur dévoiler. Savourant à l'avance l'effet qu'aurait ce qu'il allait dire il se lança:
-Ayez un coeur d'enfant.

      Malgré l'étonnement pour certains, l'offuscation pour d'autres, personne n'osa élever la voix contre ce qu'ils venaient d'entendre.
-Voilà ce à quoi vous devez vous appliquer.
***


fable pour adultes / la boîte-cadeau / page # 7


     Le vieil homme, confortablement installé dans son lit, révisait le discours qu'il allait offrir le lendemain aux habitants de ce village. Cet endroit en était un des plus atteints qu'il n'eut jamais visité. Alors ses mots devaient être bien choisis et il s'appliquait avec soin à cette tâche. Puis il remarqua quelque chose de bizarre à la fenêtre: Il semblait y avoir des éclats de lumières venant de l'extérieur. Il décida de se lever et d'aller vérifier de quoi il s'agissait.
-Oh oh! s'exclama-t-il quand il vit l'attroupement d'enfants sur la grande place.
      Et il devint un spectateur ébahi devant ce qui lui faisait si chaud au coeur. Avec un entrain qu'il n'avait pas eu depuis longtemps, il compléta son discours avec une rapidité qui le surprit.
      Et ce soir-là, dans ce village très très lointain, ils furent une multitude d'enfants à regagner leur lit, la tête remplie des belles images que contenait la boîte et le coeur débordant de joie. Et le vieil homme dormi le coeur léger.
***
      Après un petit déjeuner que le vieil homme qualifia de tout simplement divin, il chargea son sac de tous ses effets, se vêtu chaudement, remercia chaleureusement l'aubergiste et sa femme puis il se rendit sur la grande place du village. Il marcha lentement, sachant très bien ce qui allait se passer. Les gens, qui devaient le surveiller attentivement, sortirent peu à peu de leurs maisons et ils vinrent s'attrouper tout autour de lui. Ils furent d'abord, cinq, quinze puis trente. Le vieil homme se retrouva bientôt pris au piège de cette masse humaine prête, il le savait, au pire. Car leur désapointement était grand et dans pareille situation, qui pouvait savoir ce qu'il allait vraiment se passer. Les enfants furent les derniers à venir, se glissant ici et là, jusqu'à se retrouver tout près du vieil homme.
-Il n'y avait rien dans votre boîte! s'écria le propriétaire du magasin général.
-Vous nous avez roulé! s'exclama un autre en brandissant le poing.
      Puis ce fut une cacophonie d'injures et de protestations. Le vieil homme les laissa déverser leur fiel sans réagir. Il attendait l'accalmie pour intervenir et même s'il semblait très calme, intérieurement il s'impatientait. Enfin, la foule se calma et il leva les deux mains pour obtenir le silence. Celui-ci se fit et le vieil homme prit une grande respiration avant de prendre la parole.
-Alors, commença-t-il d'une voix forte et sûre, personne n'a rien trouvé dans la boîte-cadeau?
      La femme de l'aubergiste, prenant la parole pour tous dit:
-Je n'ai rien vu. Et tous ceux qui m'en ont parlé ont trouvé la boîte vide.


-Alors vraiment... reprit le vieil homme. Personne n'a rien vu?
Puis il balaya la foule du regard. Sébastien tremblait mais il s'avança d'un pas vers le vieil homme. En levant légèrement le yeux il dit:
-Moi j'ai vu quelque chose.

Un murmure d'étonnement parcouru la foule. On se regarda y allant de quelques commentaires ou de quelques grognements de mécontentement... surtout ses parents!
***


fable pour adultes / la boîte-cadeau / page # 6


     Comme il l'avait espéré, Léonie et Alexis arrivèrent peu après lui sur la grande place du village ce soir-là. Il était tellement content de les voir venir qu'il leur fit une maladroite accolade.
-Je suis trop petite pour regarder là-dedans! dit Léonie.
      Celle-ci, bien que dressée sur la pointe des pieds, ne parvenait pas, même en étirant ses bras, à atteindre le couvercle de la boîte. Tout sourire, Sébastien sorti du buisson le petit banc qu'il y avait glissé la veille. Il le plaça avec précaution au même endroit où il l'avait placé le soir précédent puis il invita Léonie à y grimper. Celle-ci s'éxécuta, quand même un peu craintive car cela n'était pas dans ses habitudes de désobéir à ses parents. Dès qu'elle souleva le couvercle, il se produisit très exactement la même chose que la veille: Une vive lumière se fit, jaillisant de la boîte. Léonie regarda à l'intérieur et ce qu'elle y vit lui fit écarquiller les yeux. Elle lança quelques Oh! et quelques Ah!. Puis elle rit tellement tout cela la ravissait. Puis la lumière s'est éteinte et Léonie, avec beaucoup de précaution, replaça le couvercle. Quand elle eut rejoint ses amis, Sébastien remarqua que ses yeux brillaient et il fut très fier d'avoir partagé son secret. Puis ce fut au tour d'Alexis de s'éxécuter. Et tout se passa très exactement comme cela s'était passé pour Sébastien et Léonie.
      Et ce soir-là, dans ce village très très lointain, trois enfants regagnèrent leur lit, la tête remplie des belles images que contenait la boîte et le coeur débordant de joie.
***
      Puis ce fut le troisième et dernier jour. Et pour le vieil homme qui continuait de monter la garde, le spectacle fut le même. Cependant, pour chaque visiteur, il se redressait, retenant son souffle, espérant sincèrement une issue différente. Mais ses espoirs restèrent vains car tous repartirent croyant à une mauvaise plaisanterie du vieil homme ou en se moquant de leurs espérances folles d'y trouver quelque chose qui changerait le cours de leur existence.
      Mais ce soir-là, peu après le souper, les enfants se succédèrent sans répit sur la grande place du village. La nouvelle s'était répandue à une vitesse folle. C'est que Léonie était plutôt bavarde, que Sébastien était plutôt curieux de savoir ce que les autres y verraient et qu'Alexis était plutôt heureux de partager cette incroyable aventure. Et pour chacun d'eux... Oui... Pour chacun d'eux, ce qui advenait était toujours la même chose. À intervalle régulier on entendit des oh! et des ah! Puis de nombreux éclats de rire.
***


fable pour adultes / la boîte-cadeau / page # 5


     Comme à leurs habitudes, ses parents, après le souper, vaquèrent à leurs occupations. Alors que ceux-ci croyaient que Sébastien était dans sa chambre à faire ses devoirs, celui-ci se glissa, sans faire le moindre bruit, hors de la maison. Il tenait sous le bras, un petit banc qu'il avait récupéré dans l'armoire de la salle de bain. Celui-ci, délaissé depuis qu'il était assez grand pour atteindre les robinets, avait été placé au fond de l'armoire, puis oublié.
      Sébastien savait que c'était très exactement ce qu'il avait besoin pour voir dans la boîte. Ne voulant pas se faire remarquer, il marcha dans les zones plus sombres de sa rue, jusqu'à ce qu'il arrive sur la grande place. Sans plus attendre, il plaça son petit banc tout contre la souche, cherchant à bien stabiliser celui-ci. Puis il y grimpa. Voilà qui était parfait.

     Il retira doucement le couvercle et dès lors, une vive lumière se fit, jaillisant de la boîte. Sébastien regarda à l'intérieur et ce qu'il y vit lui fit écarquiller les yeux. Il lança quelques Oh! et quelques Ah!. Puis il rit tellement tout cela le ravissait. Puis la lumière s'est éteinte et Sébastien, avec beaucoup de précaution, replaça le couvercle sur la boîte. Il cacha le petit banc dans un buisson puis il regagna son lit la tête remplie des belles images que contenait la boîte et le coeur débordant de joie.
***
     Le jour suivant fut en tous points semblable à la veille. Le vieil homme, n'osant point quitter son siège de choix ne manqua rien de tout cela. Qu'ils soient jeunes ou qu'ils soient vieux, tous les adultes qui se présentèrent sur la grande place ne trouvèrent rien dans la boîte. Rien du tout. Cela le chagrina mais était-il tant surpris par cette situation? Pas tant que cela. Et puis, au fond, cela voulait surtout dire qu'il se trouvait très exactement là où il devait se trouver.

     Après l'école, ce soir-là, Sébastien pria deux de ses amis à venir le rejoindre sur la gande place, peu après le souper.
-Vous devez absolument venir voir ce que contient cette boîte! leur dit le petit garçon débordant d'excitation à l'idée de répéter sa prouesse de la veille.
      Ceux-ci commencèrent par refuser. Premièrement parce que leurs parents leurs avaient précisément défendu de s'approcher de la boîte puis parce qu'il était interdit de sortir seul le soir venu. Sébastien insista tant et tant que ses amis se montrèrent légèrement tentés par l'aventure.
-Moi j'y serai! dit-il finalement tout en haussant les épaules et en prenant le chemin de sa maison.
***


fable pour adultes / la boîte-cadeau / page # 4


      La femme de l'aubergiste, reconnue pour être d'une curiosité insatiable, fut la première à s'aventurer sur la grande place du village. Certainement qu'elle devait avoir vu le vieil homme sortir en catimini de l'Auberge un peu plus tôt. Elle regarda d'un côté, puis de l'autre, espérant sûrement ne pas être troublée alors qu'elle jetterait un coup d'oeil dans la boîte. Se souvenant de ce qu'elle avait lu sur l'affiche collée à la porte de l'Auberge, elle sourit.

    Sachez que ce que vous découvrirez à l'intérieur vous appartiendra.

  Justement, elle rêvait de diamants ou d'une grosse somme d'argent qui lui permettraient de quitter son mari et ce village qu'elle n'appréciait guère... l'un comme l'autre. Elle souleva donc, sans plus attendre, le couvercle. Ce qu'elle y découvrit lui fit froncer les sourcils. À ses yeux, la boîte ne contenait absolument rien. Elle y glissa la main, fouillant chaque recoin, mais rien n'y fit. Il n'y avait rien du tout. Bredouille, déçue mais
aussi plutôt fachée, elle s'en retourna à ses chaudrons.

      Du haut de son observatoire, le vieil homme se senti triste. Il n'était pas surpris par ce qu'il venait de voir, mais à chaque fois, il en avait un pincement au coeur.
      Et il en fut ainsi toute la journée. Les habitants de ce village très très lointain, parfois un à un, parfois par petits groupes, se rendaient sur la grande place afin de retirer le couvercle de la boîte-cadeau et de constater de leurs yeux, que les dires de la femme de l'aubergiste étaient bien vrais: Soit que la boîte était vide. Certains espéraient qu'elle se soit trompée car tous rêvaient d'argent, d'objets difficiles à obtenir dans ce lieu si isolé ou de toute autre chose qui leur aurait faite grand plaisir. Mais invariablement, pour chacun, la boîte demeurait vide. À la fin de la journée, n'en pouvant plus de cette procession de gens qui repartaient les mains vides, le vieil homme soupira bruyamment. Et quand il fit trop noir pour y voir quoi que ce soit, il se mit au lit, las de cette journée à pourtant ne faire que le guet.

      Cependant, tout au long de la journée, le petit Sébastien avait lui aussi surveillé la grande place du village. Son pupitre, en classe, était un endroit privilégié du fait que celui-ci lui permettait de très bien voir tout ce qui s'y était passé durant le jour. Ce qui bien sûr, le rendit très très curieux. Rien ne lui échappa. Quand quelqu'un s'approchait de la boîte, il délaissait sa lecture ou son crayon pour mettre toute son attention sur ce qui allait se passer. Et même qu'il en oublia à quelques reprises de respirer. Il remarqua donc tous ces gens qui regardaient dans la boîte mais s'en jamais rien n'en ressortir. Lorsque enfin la cloche sonna la fin des cours, il se dirigea sans tarder vers la souche où trônait la boîte-cadeau. Mais même du haut de ses onze ans, il dû admettre qu'il n'était pas assez grand pour en atteindre le couvercle. De toute façon, son enseignante, qui justement se hâtait à regagner sa demeure, le houspilla de rentrer chez lui sans tarder. Ce qu'il fit, sans rechigner, sachant qu'il n'avait cependant pas dit son dernier mot.
***


fable pour adultes / La boîte-cadeau / page # 3


      Son repas lui ayant fait le plus grand bien, le vieil homme décida d'aller installer, partout où il pouvait le faire, les affiches qu'il avait apportées avec lui. Voici ce qu'on pouvait y lire:

Demain, 2 décembre,
aux premières lueurs du jour,
une boîte-cadeau sera placée sur la grande place du village.
Elle y restera pendant trois jours complets.
Vous êtes tous invités à y jeter un coup d'oeil.
Sachez que ce que vous découvrirez à l'intérieur vous appartiendra.
Au matin du quatrième jour,
je me tiendrai sur la grande place pour vous rencontrer.

      Le vieil homme regagna sa chambre qui d'ailleurs, lui faisait un parfait poste d'observation. Alors peu à peu, il vit les gens qui sortaient de leurs maisons afin de prendre connaissance de son message. Il y eut quelques attroupements de voisins discutant vivement mais aussi plusieurs habitants se firent plus discrets, sortant récupérer la missive pour la lire plus aisément à l'intérieur de leur demeure.
      Le vieil homme savoura l'excellent souper que la femme de l'aubergiste lui apporta tout en appréciant le va et vient que causait son message. Sachant que la première étape de son travail était accomplie, le vieil homme dormi d'un sommeil très profond cette nuit-là.

      Le lendemain matiin, sitôt éveillé, le vieil homme se leva et s'étira. Un 
regard à la fenêtre lui confirma que la journée serait magnifique. Il s'habilla avec hâte et il sorti de son sac la boîte-cadeau. Celle-ci mesurait soixante centimètres en largeur comme en hauteur. Elle était recouverte d'un papier argenté sur lequel de jolis flocons bleutés brillaient. Bien au centre du couvercle, un énorme ruban argenté y prenait place.
      Le vieil homme n'eut aucune peine à s'en saisir puis il se rendit sur la grande place du village. Justement, à cet endroit, un arbre y avait été abattu quelques semaines auparavant. Une souche, d'une hauteur d'au moins un mètre en témoignait.
-Oh oh! Cet endroit est parfait pour y déposer la boîte-cadeau.
      Satisfait, le vieil homme regagna sa chambre où un copieux petit déjeuner l'attendait. Il s'installa à sa fenêtre pour ne rien rater de ce qui allait suivre.
***


fable pour adultes / La boîte-cadeau / page # 2


      Il repéra alors une affiche annonçant l'Auberge Du Village. Il mena donc ses pas à cette porte et il cogna trois petits coups pour manifester sa présence. Un homme, peu avenant, vint lui ouvrir.

-Que voulez-vous vieil homme?, demanda l'homme sans plus de manières.

-Oh oh! Je me cherche un endroit bien au chaud pour passer quelques nuits, répondit le vieil homme.

     Le propriétaire de l'Auberge grogna, semblant hésiter à laisser entrer le vieil homme. Pourtant, à ce temps-ci de l'année, il devait certainement y avoir une chambre de libre.

-Et je prendrais un repas chaud, reprit le vieil homme. J'imagine que le prix de la pension comprend aussi les repas?

     L'Aubergiste grogna une fois de plus mais son visage s'éclaira légèrement. Sûrement que la venue d'argent neuf y était pour quelque chose dans ce fait et sa phrase suivante confirma cela.

-Payez trois jours maintenant et c'est une affaire conclue.

     Alors le vieil homme paya et l'aubergiste le mena à sa chambre qui se trouvait à l'étage. Il lui annonça que sa femme allait lui monter un plateau-repas dans peu de temps.

-Oh oh! Merci beaucoup. Cela sera très apprécié, dit le vieil homme tout en souriant à l'aubergiste qui lui, garda son air sévère.
***
     Dans un tiroir, le vieil homme déposa ses quelques effets puis il s'attarda à la vue que lui offrait sa fenêtre. D'ici, il pouvait voir les sommets enneigés des montagnes avoisinantes. Des forêts de sapins s'étendaient tout autour du village. Quelques éclaircies laissaient entrevoir de petites maisons isolées. Vraiment, il trouva que ce décor était fabuleux.

     De légers coups donnés à sa porte le firent se retourner. La femme de l'aubergiste s'y tenait, un plateau fumant dans les mains.

-Oh oh! Comme cela sent bon!

     La dame déposa le repas odorant sur la petite table qui se trouvait justement devant la fenêtre.

-Est-ce que vous voulez autre chose? lui demanda-t-elle tout en évitant de regarder le vieil homme.

-En fait oui. J'aimerais organiser un rassemblement sur la grande place du village et j'aimerais savoir qu'elle serait la meilleure façon de s'y prendre.

-Hum...

     Devinant qu'il n'obtiendrait rien de plus, le vieil homme laissa échapper un soupir et la dame s'en alla sans rien ajouter de plus.
                                         ***







Fable pour adultes #2 / La boîte-cadeau / page 1

La boîte-cadeau

     Dans un village très très lointain, là où dans les hauteurs des montagnes la neige est présente douze mois par année, vivaient des gens qui étaient isolés de tout... et de tous.
     Aux dires de certains, la vie ici était la plus difficile qui soit. Les adolescents ne pensaient, pour la plupart, qu'à grandir au plus vite, pour pouvoir quitter cet endroit éloigné de tout. Les jeunes adultes, pour leur part, rêvaient eux aussi de partir, de recommencer leur vie ailleurs, dans ce qui serait, selon eux, de meilleures conditions. Le gens, au mi-temps de leur vie, regrettaient parfois d'être resté ici, se disant que probablement, tout aurait été mieux ailleurs. Même les aînées rouspétaient parfois quant à toutes ces années passées, dans le froid et le dur labeur, alors que maintenant, il ne leur restait plus qu'à attendre la mort tout en se berçant tranquillement.

      Les humeurs étaient plutôt grises dans ce petit village très très lointain. Et de par ce fait, la vie y était tout aussi grise.
***
      Cependant, par un froid jour de décembre, un vieil homme vint à passer. Il portait un long manteau et une calotte de fourrure grise. Il avait une canne faite d'un bois magnifiquement ouvragée qui l'aidait à avancer dans la neige plutôt épaisse par certains endroits. Un sac à dos, qui semblait plutôt lourd lui faisait courber légèrement le dos. Il avait aussi une longue barbe, celle-ci étant givrée par sa longue marche à l'extérieur.
      Lorsqu'il eut atteint la grande place du village, il redressa la tête et il poussa un soupir de soulagement. Voilà qu'il était arrivé là où il devait aller. Et il sourit, heureux de ce fait, car voilà qu'il marchait depuis de nombreux jours.
     Bien sûr, en examinant plus attentivement les lieux, il remarqua, aux fenêtres, de nombreuses personnes qui l'épiaient en fronçant les sourcils. Il devina aisément qu'ici, la tâche ne serait pas facile. Mais cela ne  le découragea point. En fait cela renforça sa détermination car il adorait relever ce genre de défi.
***