Le
vieil homme, confortablement installé dans son lit, révisait
le discours qu'il allait offrir le lendemain aux habitants de ce
village. Cet endroit en était un des plus atteints qu'il n'eut
jamais visité. Alors ses mots devaient être bien choisis
et il s'appliquait avec soin à cette tâche. Puis il
remarqua quelque chose de bizarre à la fenêtre:
Il semblait y avoir des éclats de lumières venant de
l'extérieur. Il décida de se lever et d'aller vérifier
de quoi il s'agissait.
-Oh
oh! s'exclama-t-il quand il vit l'attroupement d'enfants sur la
grande place.
Et
il devint un spectateur ébahi devant ce qui lui faisait si
chaud au coeur. Avec un entrain qu'il n'avait pas eu depuis
longtemps, il compléta son discours avec une rapidité
qui le surprit.
Et
ce soir-là, dans ce village très très lointain,
ils furent une multitude d'enfants à regagner leur lit, la
tête remplie des belles images que contenait la boîte et
le coeur débordant de joie. Et le vieil homme dormi le coeur
léger.
***
Après
un petit déjeuner que le vieil homme qualifia de tout
simplement divin, il chargea son sac de tous ses effets, se vêtu
chaudement, remercia chaleureusement l'aubergiste et sa femme puis il
se rendit sur la grande place du village. Il marcha lentement,
sachant très bien ce qui allait se passer. Les gens, qui
devaient le surveiller attentivement, sortirent peu à peu de
leurs maisons et ils vinrent s'attrouper tout autour de lui. Ils
furent d'abord, cinq, quinze
puis trente. Le vieil homme se retrouva bientôt pris au piège
de cette
masse humaine prête, il le savait, au pire. Car leur désapointement
était grand et dans pareille situation, qui pouvait savoir
ce qu'il allait vraiment se passer. Les enfants furent les derniers à
venir, se glissant ici et là, jusqu'à se retrouver tout
près du vieil homme.
-Il
n'y avait rien dans votre boîte! s'écria le propriétaire
du magasin général.
-Vous
nous avez roulé! s'exclama un autre en brandissant le poing.
Puis
ce fut une cacophonie d'injures et de protestations. Le vieil homme
les laissa déverser leur fiel sans réagir. Il attendait
l'accalmie pour intervenir et même s'il semblait
très calme, intérieurement il s'impatientait. Enfin, la
foule se calma et il leva les deux mains pour obtenir le silence.
Celui-ci se fit et le vieil homme prit une grande respiration avant
de prendre la parole.
-Alors,
commença-t-il d'une voix forte et sûre, personne n'a
rien trouvé dans la boîte-cadeau?
La
femme de l'aubergiste, prenant la parole pour tous dit:
-Je
n'ai rien vu. Et tous ceux qui m'en ont parlé ont trouvé
la boîte vide.
-Alors vraiment... reprit le vieil homme. Personne n'a rien vu?
Puis
il balaya la foule du regard. Sébastien tremblait mais il
s'avança d'un pas vers le vieil homme. En levant légèrement
le yeux il dit:
-Moi
j'ai vu quelque chose.
Un
murmure d'étonnement parcouru la foule. On se regarda y allant
de
quelques commentaires ou de quelques grognements de mécontentement...
surtout ses parents!
***
Aucun commentaire:
Publier un commentaire