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samedi 28 février 2015
vendredi 27 février 2015
mercredi 25 février 2015
mardi 24 février 2015
lundi 23 février 2015
dimanche 22 février 2015
samedi 21 février 2015
vendredi 20 février 2015
fable pour adultes # 3 - Les mots d'un père (page 6)
-Message
pour le coeur des hommes...
Toutes
les missions sont importantes. Et tout homme, au cours de sa vie, se
verra inspiré pour plusieurs, mais l'une d'elle devrait être
commune à chacun d'entre nous: Celle de contribuer au
mieux-être de chaque personne que nous rencontrons. Et cette
mission-là est d'autant plus importante de par cette vérité:
Le mieux-être de chacun de nous nous conduit vers le mieux-être
du monde dans lequel nous vivons, vers le mieux-être du monde
dans lequel nos enfants vivront. C'est pourquoi je mets tant
d'énergie en cette mission que je fais mienne et voilà
ce à quoi je me dévoue:
Je
m'applique à être pour les autres une oreille disponible
et attentive et je m'aperçois que celui qui peut se libérer
de sa peine ou de ses soucis repart plus confiant en ce qu'il peut
faire pour améliorer sa situation.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que j'apprends aussi, peu à
peu, à développer cette qualité d'écoute
à mon égard, à mieux me connecter à mon
ressenti, à la voix en moi qui ne demande qu'à me
guider.
Je m'exerce à être plus patient envers celui se trouve devant moi et je m'aperçois que celui dont on respecte le rythme et les choix de vie du moment peut réussir bien plus et bien mieux qu'on ne peut le croire de prime abord.
Je m'exerce à être plus patient envers celui se trouve devant moi et je m'aperçois que celui dont on respecte le rythme et les choix de vie du moment peut réussir bien plus et bien mieux qu'on ne peut le croire de prime abord.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que j'apprends aussi, peu à
peu, à développer cette même patience envers
moi-même, à me montrer plus apte à me pardonner
mes fautes, à reconnaître mes écarts, plus prêt
à recommencer et à faire mieux.
Je
choisis de semer des sourires et de petits plaisirs et je m'aperçois
qu'il faut parfois si peu pour ensoleiller la vie de quelqu'un, pour
justement voir naître d'autres sourires.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que je réalise aussi,
peu à peu, que de contribuer au bonheur des autres rend mon
coeur plus léger et que la joie se fait plus présente
dans ma propre vie.
Je
choisis de partager ce que j'exécute avec facilité et
brio, mes talents innés, avec ceux qui m'entourent et je
m'aperçois que ce qui semble bien petit pour moi peut faire
une réelle différence dans la vie de celui qui
reçoit.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que je réalise aussi,
peu à peu, qu'en mettant à la lumière mes
capacités, j'apprends à développer encore plus
mes dons et à me découvrir d'autres talents, d'autres
aptitudes pour lesquelles j'excelle.
Je
m'applique à rechercher le beau et le bon en ceux que je
croise et je m'aperçois que celui qu'on félicite et
qu'on encourage prend des forces et de l'assurance pour ensuite
poursuivre sur la voie qu'il s'est tracé.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que j'apprends aussi, peu à
peu, à relever ce beau et ce bon en moi-même,
choisissant de mettre l'accent sur ma valeur ou mes réussites,
en optant pour des pensées et des mots qui me décrivent
tel que je suis vraiment.
Je
m'applique à aller plus loin que le premier regard, à
devenir clairvoyant et à ressentir les non-dits et je
m'aperçois que souvent l'homme qui se dissimule ou qui
emprunte un rôle, en est un qui souffre, qui a besoin d'aide et
qui ne sait peut-être pas comment s'y prendre pour réclamer
ce dont il a besoin.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que j'apprends aussi, peu à
peu, à enlever, une à une les couches sous lesquelles
je me cache moi-même, sachant que mes blessures non-guérie
me font parfois agir maladroitement, que mes erreurs passées
non-pardonnées me font parfois agir avec dureté.
Je
m'applique à choisir des mots généreux et
rassurants lorsque je m'entretiens avec les gens, mettant mon coeur à
l'oeuvre dans tout ce qu'il peut offrir et je m'aperçois que
celui qui se sait accepté pour ce qu'il est, pour ce qui le
différencie, ne désire plus ensuite que de laisser
émerger que le meilleur de lui-même.
Et
le plus incroyable dans tout cela est que j'apprends aussi, peu à
peu, à diriger ce même amour vers moi-même,
m'amenant à me reconnaître dans toute ma grandeur, à
m'accepter totalement pour ce que je suis et à m'aimer
inconditionnellement.
L'homme,
qu'importe le nom qu'il porte, qu'importe ses actions passées,
qu'importe les chemins qu'il décide de prendre, qu'importe ses
essais maladroit pour toucher au bonheur... a le droit à ce
que je lui offre mon soutien... le meilleur pour lui-même, pour
l'amener à devenir la personne exceptionnelle qu'il est au
fond de lui.
Je
le fais ce serment, si important, de devenir, un peu plus chaque
jour, quelqu'un de bienveillant pour celui qui se tient devant moi.
L'homme,
celui que je suis, qu'importe mes actions passées, qu'importe
les chemins que j'ai décidé de prendre, qu'importe mes
essais maladroit pour toucher au bonheur... a le droit à ce
que je m'offre le meilleur qui soit... le meilleur pour moi-même,
pour m'amener à devenir la personne exceptionnelle que je suis
au fond de moi.
Je
le fais ce serment, si important, de devenir, un peu plus chaque
jour, quelqu'un de bienveillant envers moi-même.
Car
voilà une autre chose très importante que j'ai
comprise: Que ce que je désire donner... c'est à
moi-même que je dois le donner en tout premier. QUe de choisir d'aller vers les autres est aussi choisir d'aller vers soi. Et si je puis
tendre la main vers cet être extraordinaire que je suis... je
le pourrai ensuite envers tout être humain que je rencontrerai.
Je
sais que la route est longue pour que cela puisse devenir une manière
toute naturelle d'agir. Mais j'y travaillerai. Pour mon propre mieux
être, pour celui des autres et de ceux à venir.
Le
fils se tut et un silence rempli d'émotions régna
dans le lieu sacré. Maintenant le fils savait. Maintenant tous
les gens ici rassemblés savaient. Était-il utopique de
penser que cela allait faire une différence? Du fond de son
coeur, le fils souhaita que ce fol espoir ne soit pas vain.
Lentement,
celui qui venait de déclamer les précieux mots de son
père releva la tête. Puis quelqu'un se leva et se mit à
applaudir. Puis celui-ci fut imiter par tous les autres. Un à
un les gens se sont levés et ont applaudi. Ils n'acclamaient
pas le fils qui venait de parler mais bien les mots d'un père,
qui de par sa mort, venait de révéler un secret qui
avait la valeur de l'or.
***
jeudi 19 février 2015
fable pour adulte # 3 - Les mots d'un père (page 5)
Les
deux jours qui suivirent, le fils réfléchit beaucoup.
Il relut à de nombreuses reprises les mots de son père,
fouinant parfois dans le carnet ou dans le texte qui se trouvait dans
l'enveloppe et méthodiquement il plaça les mots
découverts sur le pourtour de son propre miroir de salle de
bain.
Et
là, le jour qui se levait en était un important: Le
jour où on allait mettre en terre son père. Celui qui
serait l'occasion de faire les derniers adieux. Celui où il
devrait aussi prendre la parole devant tous ces gens venus rendre
visite une dernière fois à son père.
D'un
geste plein de conviction, le fils chiffonna ce qu'il avait écrit
quelques jours plus tôt, lançant adroitement à la
poubelle l'allocution qu'il avait prévu de faire lors de la
cérémonie. Tant de choses avaient changées en
lui depuis qu'il était allé récupérer les
effets de son père. Ses pensées s'étaient
beaucoup bousculées depuis sa conversation avec la directrice
de la résidence. Ses réflexions avaient changées
de voie, suivant naturellement, celle que son père avait lui
aussi décidé d'emprunter. Et ce jour-là, à
peine quelques heures avant la cérémonie en hommage à
son père, le fils était maintenant prêt à
mettre tout cela sur papier. Ce qu'il fit avec beaucoup de soin,
déversant avec facilité ce qui l'habitait depuis ces
deux derniers jours.
***
À
l'intérieur de l'église il y avait foule. De par sa
profession, son père en était venu à rencontrer
beaucoup de gens. Bien sûr, le fils fut surpris devant une
telle affluence et sa bouche devint tout sèche en pensant
qu'il devrait sous peu, prendre la parole devant toute cette foule.
Il porta la main à sa poche, s'assurant que les feuilles qu'il
y avait mises étaient toujours là. Un peu soulagé
par ce geste, il reporta son attention sur la cérémonie
qui commençait.
Puis
le prêtre l'invita à venir prendre place au micro afin
de s'adresser à tous ces gens venus saluer son père.
Pourtant le fils ne bougea point. L'homme d'église fit un
geste impatient de la main, un peu inquiet. Le fils se leva alors,
entendit ses pas résonner sur le parquet de bois. Il gravit
les marches, fit les quelques pas nécessaires pour se rendre
au lutrin. Il y déposa ses feuilles tout en prenant bien son
temps. Il leva les yeux vers ces gens, sachant très
certainement que ce qu'il allait dire allait les surprendre.
-Mon
père est mort.
Les
mots du fils résonnèrent dans l'église. Le son
de sa propre voix le surpris. Mais il savait aussi qu'il devait
continuer.
-Je
suis maintenant orphelin. Je n'ai pas de frère. Pas de soeur.
Mes premières pensées furent de me dire que je me
retrouvais maintenant seul de mon clan.
Le
fils fit une pause, laissant se dissiper légèrement la
peine qui venait.
-Hors
j'avais tort. En allant récupérer les effets de mon
père, j'ai trouvé des choses qui m'ont révélé
que cet homme n'était pas simplement ce que j'avais bien voulu
voir en lui. Il était bien plus. Comme moi-même je suis
probablement bien plus que ce que vous pouvez percevoir. Comme vous
devez fort probablement vous aussi être bien plus que ce que je
peux percevoir.
Le
fils prit une grande respiration, choisit de garder le regard baissé
et continua:
-Grâce
à ce que j'ai découvert dans les effets de mon père
j'ai compris que je ne serais jamais seul car il m'avait laissé,
en héritage, des choses qui feraient qu'il me tiendrait
compagnie pour le reste de ma vie. En autre, parmi les trésors
découverts dans sa chambre, il y a un texte que j'aimerais
bien vous lire.
Le
fils fit glisser la première feuille pour ensuite poursuivre.
***
***
mercredi 18 février 2015
fable pour adulte # 3 - Les mots d'un père (page 4)
Le
fils reprit sa tâche tout en reniflant sans gêne.
Quelques boîtes s'ajoutèrent aux premières. Il
vida la garde-robe, dernier espace à délivrer de ses
effets, un peu à la va-vite, entassant dans ses cartons les
vêtements de son père, encore empreint de son odeur.
Comme
tout était maintenant fait, il recula de quelques pas et il
tourna sur lui-même pour s'assurer qu'il n'avait rien oublier.
Le fils cru alors voir quelque chose sur la plus haute tablette de la
garde-robe. Il s'approcha, se hissa sur la pointe des pieds et il
réussit, centimètre par centimètre, à
faire glisser vers le bord une petite boîte.
Le
fils reprit place au pied du lit, déposant la petite boîte
sur ses genoux, se demandant ce qu'il allait y découvrir. Il
posa ses mains sur le couvercle, laissa glisser sur les rebords et
souleva le couvercle. À l'intérieur de la boîte
se trouvait des enveloppes. Sur chacune était écrit un
nom. Le fils les fit défiler une à une jusqu'à
découvrir, tout au fond de la boîte, celle qui lui était
adressée. En tremblant légèrement, il l'ouvrit,
en déplia le feuillet qui contenait un message tout particulier.
Dès
les premiers mots, ses mains se mirent à trembler et le fils
dû prendre à deux mains les feuilles pour pouvoir lire. Il
continua cependant, phrase après phrase, se sentant vraiment
très ému. Les mots de son père le bouleversait.
Il y découvrait quelque chose qu'il n'avait jamais soupçonné
et qui allait bien au-delà de ce qu'il avait découvert
un peu plus tôt.
Il
tourna lentement les pages, lisant avec attention, sachant aussi
qu'il retournerait à de nombreuses fois vers ces mots-là,
qu'il les ferait sien pour le reste de sa vie. La mission que son
père s'était donné deviendrait la sienne, une
voix en lui confirmait que son chemin se trouvait là. Après
avoir lu les derniers mots, il redressa la tête.
***
À
ce moment-là, on cogna à la porte. Le fils se tourna
pour découvrir la directrice de la résidence qui lui
souriait timidement.
-Ça
va? lui demanda-t-elle en faisant quelques pas dans la pièce.
Le
fils l'invita à s'asseoir d'un geste de la main et la dame
prit place à son côté. Prenant une grande
respiration, le fils décida de s'ouvrir à elle.
-Je
viens de découvrir que mon père n'était
peut-être pas l'homme que je croyais qu'il était.
La
dame hocha de la tête, prenant un moment avant de répondre
au fils, voulant certainement trouver les mots justes.
-Sûrement
en est-il ainsi pour la plupart des gens que nous côtoyons. Ce
que nous voyons de la personne qui se trouve devant nous n'est qu'une
infime partie de qui elle est. En fait, ce que l'on perçoit
n'est que ce qu'elle veut bien dévoiler, ou que ce qu'elle
arrive, parfois maladroitement, à mettre en avant-plan.
Le
fils trouva que cela avait bien du sens car lui-même se livrait
peu, même aux gens de son entourage. Délibérément,
il ne savait pas trop pourquoi, il gardait pour lui la plupart de ses
réelles pensées ou sentiments mais aussi la très
grande majorité de ses convictions ou de ses rêves.
-Ce
que nous sommes de l'intérieur est rarement ce que les gens
arrivent à percevoir de l'extérieur, ajouta la sage
directrice.
Le
sourire du fils, adressé à la directrice, encouragea
certainement celle-ci à continuer.
-Nous
avons, pour la plupart d'entre nous, un certaine pudeur à
lever le voile sur ce qui se passe réellement en soi. Et
malheureusement, il s'agit aussi parfois d'une mauvaise
interprétation de celui qui regarde. Se comprendre
mutuellement est une tâche délicate et complexe.
Après
un bref regard au feuillet qu'il venait de lire, le fils ajouta:
-Si
j'avais su...
-C'est
que nous devons apprendre à voir avec le coeur, à
savoir écouter les silences, à bien interpréter
les mots, à bien saisir les gestes, et cela, avec le plus
d'amour possible. Et je crois que ces dernières années,
votre père avait compris cela et même qu'il s'est alors
appliqué à y travailler avec énergie.
-Si
j'avais su... répéta le fils, plongeant son regard dans
les mots de son père.
-Maintenant
vous savez, ajouta la dame.
Ces
mots le troublèrent.
Le
fils montra la boîte à la directrice. Les noms inscrits
sur les enveloppes étaient ceux de différentes
personnes habitant la résidence ou du personnel y travaillait.
Elle promit de les remettre en main propre aux gens concernés.
-Et
puis, dit-elle en agitant une enveloppe, il y en a une pour moi!
La
directrice, après une brève accolade faite à
l'endeuillé, s'en retourna à ses occupations tandis que
le fils finit de bien fermer les boîtes qu'il transporta
ensuite jusque dans sa voiture. Alors qu'il s'apprêtait à
refermer pour une dernière fois la porte de la chambre où
son père avait passé les dernières années
de sa vie, il fut convaincu qu'il devait faire quelque chose de ce
qu'il venait de découvrir. Les derniers mots de la directrice
refirent surface dans son esprit: 'Maintenant vous savez.'
Et
le fils se dit que quand on sait, on se doit ensuite d'agir.
***
mardi 17 février 2015
fable pour adulte # 3 - Les mots d'un père (page 3)
Il
ne lui restait plus que le petit espace qu'occupait la chambre de son
père à débarrasser de ses effets. Il avait
cependant grand peine à bouger, comme si ce qu'il allait faire
était en quelque sorte un sacrilège. Mais ce qui devait
être fait devait être fait se rappela-t-il une seconde
fois. Après un bref regard à sa montre, il alla de
l'avant, sachant qu'il devait ensuite se rendre au complexe
funéraire, pour y régler certains détails.
Le
fils s'assit sur le lit de son père puis il ouvrit le premier
tiroir de la table de chevet. Il y avait là peu de choses. Le
vieux porte-feuille de cuir qu'il avait lui-même offert à
son père de nombreuses années auparavant se retrouva
entre ses mains. Les bords en étaient usés et le fils y
glissa les doigts, hésitant à aller plus loin. Pourtant
la curiosité était grande et il l'ouvrit.
Il
ne fut pas surprit d'y découvrir bien peu de choses: Une carte
de crédit et quelques billets de vingts dollars. Il prit
cependant le temps de fouiller chaque petite pochette avec minutie.
D'un petit espace, il retira une feuille qui avait été
minutieusement pliée. À l'intérieur de celle-ci,
il trouva une petite photo de lui, le fils, prise il y avait environ
deux ans de cela. Cela fit sourire le fils. Vraiment, ce qu'il
découvrait sur son père ce jour-là l'amenait de
surprise en surprise. Quelque chose était inscrit sur la
feuille et le fils déplaça la photo afin de lire plus
facilement. La première phrase le fit cependant sursauter.
J'admire
mon fils parce que...
Et
ce qu'il y lu par la suite fit glisser des larmes sur ses joues. Des
phrases y étaient inscrites. Chacune était précédée
par une date. Il s'agissait là de moments de vie particuliers
que le père avait relevé et noté. En voici
d'ailleurs quelques-uns:
mai
1998: Mon fils a reçu son diplôme aujourd'hui. Je sais
qu'il a travaillé fort pour l'obtenir. Il ne s'est pas arrêté
aux obstacles qui se sont dressés sur sa route: Plusieurs
auraient abandonné. Lui a persévéré. Je
suis vraiment très fier de lui. Mon fils est un gagnant.
juin
2005-Cela fait presque trois ans qu'Eugénie, ma douce
compagne, m'a quitté. Mon fils a apporté des fleurs
aujourd'hui. Bien que ni l'un ni l'autre nous n'ayons rien dit, il
sait que sa présence nous manque à lui comme à
moi. Cette petite attention m'a rappelé que je n'étais
pas seul à avoir de la peine. Mon fils est quelqu'un de
sensible et c'est une très belle qualité.
Le
fils s'essuya les yeux du revers de la main puis il descendit plus
loin sur la page, choisissant au hasard un autre moment noté
par son père:
octobre
2013-Mon fils m'a aidé à m'installer à la
Résidence aujourd'hui. Il a eu beaucoup de patience à
mon égard, car le vieil homme que je suis, un peu confus
devant tous ces changements, avait besoin de cette attention et de ce
calme. Mon fils a été capable de respecter le rythme
qui était le mien.
Le
fils ne pu en lire plus tellement il n'y voyait plus rien à
cause des larmes qui maintenant coulaient à flot et des
sanglots qui le secouaient. Sa peine, celle qu'il avait bien essayé
de tasser dans un coin depuis l'annonce de la mort de son père,
se déversa tout d'un coup et rien ne pouvait maintenant la
retenir.
Le
fils, vu les silences et les non-démonstrations affectives de
son père avait peine à croire à tout ce qui se
révélait à lui. Chaque découverte le
bouleversait un peu plus, lui faisait découvrir des facettes
de son père qu'il ignorait complètement. À de
nombreuses reprises dans sa vie, le fils s'était senti
incompétant ou maladroit face à ce père plutôt
ferme et peu expansif. Hors, ce carnet, ces mots et cette feuille
enveloppant sa photo lui prouvait que son père avait su lire
en lui avec précision et délicatesse... et probablement
aussi envers beaucoup d'autres gens.
***
lundi 16 février 2015
fable pour adultes # 3 - Les mots d'un père (page 2)
Le
lendemain matin, jour où il devait se rendre à la
résidence, le fils tenta de se défiler tant bien que
mal devant la tâche qui l'attendait, mais sa conjointe l'y
poussa sans trop le ménager. Il savait que celle-ci avait
raison et c'est pourquoi il n'osa point argumenter. Alors, tout en
marchant d'un pas lent, il rempli le coffre arrière de sa
voiture de cartons vides et de grands sacs puis il prit la route.
Tout
semblait calme à la résidence. Sans faire de bruit, ne
voulant pas attirer l'attention, le fils se dirigea vers la chambre
de son père. Comme il possédait un double de la clé
il put y entrer dans avoir à demander de l'aide. Il entra
donc, referma la porte derrière lui et s'y adossa, essayant de
calmer les battements fous de son coeur.
La
pièce semblait encore habitée car rien n'y avait été
touché depuis le décès de son père, ce
qui perturba légèrement le fils éploré.
Ne pouvant se résoudre à aller plus loin, il ouvrit la
porte de la penderie qui se trouvait sur sa gauche et il entreprit de
mettre en boîte ce qui s'y trouvait. Consciencieusement, avec
une lenteur délibérée, il délivra chaque
manteau de son cintre, en fouilla chacune des poches, n'y trouvant
que de vieux reçus de caisse et quelques pièces de
monnaie. Sauf pour le dernier. De la poche intérieure, le fils
en retira un petit carnet et un crayon. Surpris par cette découverte,
le fils en tourna les pages pour y trouver l'écriture peu
soignée qu'il reconnu aisément: Celle de son père.
Page
après page, il y découvrit de petites phrases courtes
qui semblaient être des commentaires ou des réflexions
que le vieil homme y avait noté. Le fils s'y attarda un peu
plus, en lisant quelques-unes à haute voix:
'J'apprends
beaucoup à regarder et à écouter. Cela m'amène
à mieux comprendre le cheminement des autres et à être
un meilleur soutien pour eux.'
'La
vie semble différente pour chacun de nous. Hors je constate
que le réel but de l'existence en est pourtant le même:
être heureux.'
Le
fils était bien surpris, ne connaissant pas ce côté
philosophe à son père.
Ayant
l'esprit trop embué pour vraiment y réfléchir
plus longuement, le fils mit tout cela dans la poche intérieure
de son propre manteau qu'il avait suspendu à la poignée
de la porte d'entrée. Il plia le manteau de son père,
le rangea dans la boîte et il referma fermement celle-ci.
***
Le
fils fit alors quelques pas dans la pièce sans savoir vers
quoi se diriger. Mais il n'hésita pas longtemps car ce qui
doit être fait doit être fait et comme il ne voulait pas
trop s'attarder, il se dirigea d'un bon pas, muni d'une boîte
sous le bras vers la salle de bain. Tout de suite en entrant, il
remarqua que sur le pourtour du miroir qui se trouvait au dessus de
l'évier, il y avait de petits papiers soigneusement placés.
Le fils s'avança et voilà ce qu'il pu y lire:
COMPASSION, PARTAGE, AMOUR, ÉCOUTE, PATIENCE, ACCUEIL,
OUVERTURE, SOUTIEN.
Le
fils poussa un soupir tout en posant bien à plat ses mains sur
le meuble. Pendant un bref moment, le fils imagina son père,
faisant sa toilette matinale tout en se répétant ces
mots. Un lien semblait se définir pour ces mots mais le fils
n'en était pas certain. Quel était le but de son père
en notant ses observations dans un carnet ou en se répétant
des mots en se rasant?
Le
fils haussa les épaules puis il vida les armoires de tout ce
qu'elles contenaient. Au dernier moment, il décolla un à
un les mots avec attention, se demandant s'il allait les recoller
dans sa propre salle de bain. Il alla chercher le carnet découvert
plus tôt, y déposa les mots, tout en relisant quelques
phrases du carnet au passage. En voici quelques-unes qui retinrent
alors son attention:
'Il
n'est pas facile d'écouter les gens vous raconter leurs
misères sans juger. Pourtant, si j'ouvre mon coeur et si je
laisse place à la compassion et à l'amour, je suis
touché... profondément ému par leurs histoires.
Et déjà, avec simplement cela, je sais que je fais une
différence dans leurs vies.'
'Si
je réussis à faire sourire celui qui me raconte sa
peine, j'aurai déjà accompli beaucoup.'
Encore
une fois le rangea le carnet avec précaution, se disant qu'il
détenait là, probablement un trésor.
***
dimanche 15 février 2015
fable pour adultes # 3 - Les mots d'un père (page 1)
Les
mots d'un père
Quand
Liliane, employée de la Résidence 'Le Paradis Sur
Terre' frappa à la porte de Monsieur Beauchamp, il n'y eut
aucune réponse. Cela était plutôt surprenant,
puisque tous les matins, lors de son passage, la porte était
toujours entrouverte et que le vieil homme, levant le nez du livre
qu'il était en train de lire, la saluait d'un simple hochement
de tête. Elle cogna donc une autre fois, un peu plus fort cette
fois-ci mais sans plus de résultat.
Elle
fit quelques pas vers la chambre suivante mais finalement, elle
revint devant la porte close, sourcillant devant cette situation
non-habituelle. En prenant une grande respiration, essayant de
repousser ce qui lui venait à l'esprit, Liliane fit une
nouvelle tentative avec plus d'ardeur cette fois-ci. Mais encore une
fois, il n'y eut aucune réponse.
Elle
colla son oreille à la porte, sans rien y entendre. Elle sonda
la poignée qui résista. Peut-être dormait-il
simplement un peu plus tard ce matin-là se dit-elle,
envisageant le mieux, mais elle n'arrivait pas à se convaincre
de ce fait. Comme son malaise persistait, elle dû donc se
résoudre à faire appel à la directrice des
lieux, qui vint, quelques instants plus tard, elle aussi surprise par
ce fait non-habituel, ouvrir grâce à son passe-partout,
la porte de ce pensionnaire sans histoire.
Bien
sûr, ce que les deux dames avaient pressentie se révéla
exact: Le vieil homme s'était éteint durant son
sommeil. Il reposait paisiblement dans son lit, les draps bien
ajustés tout contre lui, leur assurant que ce passage s'était
fait tout en douceur. La mort était venu le chercher sans
qu'il n'ait à en souffrir.
Comme
cela est de mise, il s'est ensuite mis en route les procédures
habituelles à ce genre de situation. À la résidence,
la nouvelle se répandit rapidement. Monsieur Beauchamp était
un homme plutôt tranquille et il aimait sa petite routine mais
tout le monde, employés comme résidents, se sentirent
attristés par ce départ. Le silence régna plus
qu'à l'ordinaire ce jour-là à la résidence.
***
Et
puis la directrice dû téléphoner au fils de
Monsieur Beauchamp pour lui apprendre la malheureuse nouvelle. Après
une courte prière à l'intention du disparu, elle
composa le numéro, compta le nombre de sonneries puis arrêta
de respira lorsqu'on répondit. Elle était habituée
à ce genre d'appel mais à chaque fois elle en était
bouleversée. Prenant une grande respiration, elle annonça
avec douceur ce qui devait être annoncé.
-Je
vais prendre les dispositions nécessaires... murmura la voix à
l'autre bout de l'appareil.
La
directrice sentait bien la peine de l'homme mais elle devait
poursuivre:
-Il
faudra aussi penser à ramasser ses effets... vous comprenez...
-Demain...
demain j'irai, répondit le fils attristé.
Voilà
que ce fils devenait, à quarante-deux ans, orphelin. Une page
importante de sa vie se tournait avec ce triste événement.
Sa relation avec son père n'en était pas une de grande
expansion mais le vieil homme allait lui manquer. Justement, c'était
de cette tranquillité et de ce calme que le fils venait
s'imprégner lorsqu'il visitait son père. Mais ces
rencontres n'auraient plus lieu.
***
samedi 14 février 2015
vendredi 13 février 2015
jeudi 12 février 2015
mercredi 11 février 2015
mardi 10 février 2015
samedi 7 février 2015
jeudi 5 février 2015
mardi 3 février 2015
dimanche 1 février 2015
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