cinq livres

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dimanche 30 décembre 2018

Durant ces 365 derniers jours


Durant ces 365 derniers jours…

Durant ces 365 derniers jours… De trop nombreuses fois je me suis sentie au bout de mon rouleau, épuisée, sans ressource, sans trop d’espoir. Il y eut des jours où ce qui survenait dans ma vie m’anéantissait, me blessait profondément, m’enlevait ma joie de vivre, des jours où le moindre incident me semblait insurmontable, des jours où plus rien ne m’intéressait. Il y eut des moments où j’en ai eu plus qu’assez de devoir me retrousser les manches encore une fois, de devoir recommencer ou de ne pas obtenir les résultats attendus, des moments où m’enliser était la seule solution, où renoncer la seule option. Il y eut des matins où le simple fait de devoir affronter un autre vingt-quatre heures m’ont donné la nausée.

Durant ces 365 derniers jours… De trop nombreuses fois je me suis sentie trahie, non-respectée, anéantie, incomprise, seule. Il y eut des jours où j’ai encaissé sans trop broncher des injustices ou des mensonges, des jours où j’ai côtoyé la douleur de trop près sans pouvoir m’en libérer, des jours où je me suis cachée pour panser mes plaies. Il y eut des moments où j’ai accepté de me taire, de plier, de me renier pour ne pas déranger, des moments où mon regard était distant, mes mains tremblantes et mon cœur affolé. Il y eut des matins où le simple fait de devoir affronter un autre vingt-quatre heures m’a fait pleurer.

Durant ces 365 derniers jours, j’ai parfois abandonné, j’ai parfois trébuché, je me suis parfois trompée… et la liste est encore longue. Durant ces 365 derniers jours, tant de choses sont arrivées et m’ont bouleversées. Durant ces 365 derniers jours, il y eut des hauts, mais aussi des bas.

Et durant ces 365 derniers jours, j’ai parfois oublié, dans mes moments de panique et de détresse, que le courage et l’espoir ne meurt jamais.

Parce qu’au-delà de la frayeur des premiers moments, durant ces 365 derniers jours, je me suis remise sur pieds à de nombreuses occasions, j’ai repris le flambeau, je me suis relevée et j’ai choisi de m’obstiner un peu plus.

Je m’étonne moi-même de ce courage, de cette force qui ont jailli pour me sauver in extremis alors que je me tenais sur le bord du précipice. Je suis ébahie de constater que j’ai su, malgré l’épuisement, malgré l’anéantissement, malgré la torpeur reprendre mes sens, changer de direction, continuer, persévérer et dépasser ce que je qualifiais d’horrible. Je suis agréablement surprise d’avoir pu voir au-delà de ce qui était, d’avoir pu en comprendre et en apprendre certaines choses, d’en avoir retiré même des bénéfices, d’éprouver maintenant une certaine gratitude quant à tout cela. Je suis émerveillée de constater que cela a changé mes perceptions, mes priorités, mes destinations et que cela a bonifié ma personne.

Je suis émue de pouvoir dire qu’après des moments difficiles, j’ai su me relever, me reconstruire et aller de l’avant. Je me réjouis d’avoir pu remplacer la colère par la compassion, les cris par la tolérance, l’affolement par la réflexion et la rancœur par la paix. Je suis reconnaissante envers moi-même d’avoir tenu bon, d’avoir cru que d’ici quelques tournants, tout irait mieux.

Je suis fière d’avoir traversé des tempêtes mais d’être quand même arrivée à bon port.

Durant ces 365 derniers jours, j’ai choisi, même si c’était difficile, d’être une survivante, une guerrière, une triomphante.

Et en ces derniers jours de l’année, j’ai bien sûr envie de célébrer mes victoires, mes accomplissements, mes dépassements. Mais j’ai surtout envie de lever mon verre bien haut à mes échecs, à mes déceptions, à ce qui m’a effrayé, à ce qui m’a démoli, à tout ce qui m’a semblé aller de travers.

Parce que tout cela m’a largement instruite, m’a grandie et m’a amené plus près de moi. Parce que tout cela, bien que cela soit bizarre à dire, m’a rendu service.

Merci 2018. Merci pour tout.

dimanche 16 décembre 2018

Le 'méchant gant' partie 4/4


Alors le 24 décembre au soir arriva. Tous les habitants sortirent de chez eux pour se retrouver sur la place publique du village. Ils entourèrent le grand sapin qui y avait été installé dans l’après-midi et dans lequel des milliers de lumières avaient été placées. Depuis la tombée du jour, il scintillait de mille feux et comme chaque année, c’était l’émerveillement pour tous.

La tradition voulait qu’en début de soirée, comme en ce moment-là très exactement, chacun sorte de chez lui et vienne ajouter une décoration à l’arbre. Un peu après dix-huit heures, ils se retrouvèrent donc nombreux autour du sapin. Le père de Napoléon s’inquiéta cependant quand il chercha son fils et ne le vit nulle part. La mère de Nathan interrogea sa mère, qui se trouvait à quelques pas d’elle, lui demandant si elle avait vu son fils. En fait, les enfants manquaient à l’appel. Mais avant que la panique ne gagne les habitants du village, on entendit des voix venir de plus loin.

-Excusez-moi… excusez-moi, disait Napoléon en tentant de franchir avec tous ses amis, la foule pressée tout autour de l’arbre illuminé.

Peu à peu les adultes ouvrirent un chemin pour permettre à leurs rejetons de gagner le centre de la place. Et tous remarquèrent un vieil homme que tenait par la main notre valeureux Napoléon. Dans sa main libre, l’inconnu tenait une boule faite de lierre savamment tressé. Le silence régnait sur la place et tout le monde se questionna sur l’identité de cet invité surprise parce que bien sûr, personne ne put s’imaginer que le ‘méchant géant’ soit si menu et pas du tout effroyable.

-Je vous présente mon ami, dit Napoléon en se tournant vers le vieil homme. Vous le nommez le ‘méchant géant’ mais aujourd’hui je peux vous dire que son véritable nom est Augustin.

Alors on entendit de OH! et des AH! de surprise mais personne n’osa ajouter quoi que ce soit. Napoléon, d’un geste, encouragea son ami à suspendre sa décoration à l’arbre. Puis des plus âgés aux plus jeunes, tout le monde s’exécuta, essayant de trouver une place de choix pour sa décoration.

Et c’est ce jour-là que les affreuses histoires sur le ‘méchant géant’ cessèrent. Comme ça ! Comme par magie… ou presque.
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Alors si un jour vous passez par ce petit village, vous remarquerez que les villageois n’aiment pas parler de tout ça. Ils ne comprennent pas comment tout cela a commencé, comment tout cela a pu se perpétuer au fil des ans, comment ils ont pu dire des choses si horribles sur un homme pourtant si gentil. Mais cela est du passé. Le vieil homme est maintenant toujours bien accueilli au village. Et les villageois sont toujours les bienvenues dans la montagne ou même chez le vieil homme.  Même s’ils ne peuvent pas encore l’avouer ouvertement, les adultes de ce village savent qu’ils se sont accrochés bien involontairement à une idée fausse et que cela a causé certains torts.

Napoléon, satisfait de son entreprise, est certain qu’ils en ont retenu quelque chose d’important.
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Un jour, plusieurs années plus tard, alors que le vieil homme et Napoléon prenaient place sur un banc installé récemment à l’orée de la forêt, celui-ci revint sur cette veille de Noël toute spéciale où Napoléon avait accompli l’impossible.

-Ceci est un miracle, dit-il en regardant, admiratif, tout autour de lui. Par ce que tu as accompli, ma vie s’en est trouvée transformée. Comment as-tu fait Napoléon?

Fier et heureux, sachant que dans tout cela il avait découvert une vérité qui lui servirait toute sa vie il dit :

- Il faut, au départ, être attentif et vigilent quant à ce que nous acceptons de croire, Augustin.

-C’est certain, mais… commença le vieil homme sans pour autant oser poursuivre, sachant qu’aucun des arguments qu’il soulèverait ne viendrait à convaincre son jeune ami.

-J’ai compris, continua le jeune garçon d’un ton un peu plus sérieux, que les idées faussent qu’on entretient se répandent, se propagent et contaminent tout. Elles creusent des fossés, construisent des murs, nous isolent et nous emprisonnent. Elles nous aveugles.  Elles nous rendent amers, apeurés et impitoyables.

Un peu triste, le vieil homme du admettre que Napoléon avait raison.

-Sous ce qui est faux, se cache une vérité qu’il faut déterrer et découvrir et il faut être prêt à y mettre les efforts nécessaires pour y arriver.

-Et pour chacun de nous, c’est quelque chose de plutôt difficile, admit Augustin qui, lui-même, avait entretenu des opinions pas très gentilles à propos des villageois.

-Modifier ou remplacer des idées nocives, des opinions rigides, de vieilles convictions, des croyances désuètes ou d’effrayantes rumeurs est un travail de longue haleine et difficile… mais possible. C’est en cela qu’il faut croire.

Napoléon sourit et fit un clin d’oeil à son ami.
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samedi 15 décembre 2018

Le 'méchant géant' partie 3/4

Napoléon tint, quelques jours plus tard, dans la cour de l’école un caucus avec ses amis les plus loyaux et il leur raconta l’histoire (la vraie) du ‘méchant géant’ et leur expliqua en détail ce qu’il voulait faire avec leur aide. Alors voilà que chaque ami de Napoléon se vit décerné une mission.

Un jour ce fut Nathan qui revint du parc en disant que le ‘méchant géant’ lui avait relancé son ballon qui s’était retrouvé dans les hautes herbes. Un autre jour, ce fut Madeleine qui dit avoir vu le ‘méchant géant’ en train de ramasser les vêtements sur la corde à linge derrière la maison. Quelques jours plus tard, ce fut Élisabeth que le ‘méchant géant’ aida à cueillir les pommes qui étaient trop hautes pour elle dans le pommier dans le champ derrière l’école. Et ainsi de suite. À tous les deux ou trois jours, les enfants ajoutaient un nouvel épisode à leurs rencontres avec le ‘méchant géant’.

Les adultes semblaient porter une oreille distraite à toutes ses histoires… mais ils écoutaient. Et bien qu’ils y voyaient là un débordement d’imagination de leur progéniture, cela mit le doute en eux. Cela forma… une fissure en ce qu’ils croyaient si fortement si peu de temps auparavant. Personne ne pouvait encore s’en douter, mais quand il y a fissure… il se crée une ouverture par laquelle… peut germer le changement! Et voilà que leurs regards portés vers la montagne étaient maintenant remplis de questions… qui demeuraient cependant sans réponse.
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Puis décembre arriva. Napoléon, passant, à l’étape suivante de son plan, déposa une boîte à l’entrée de la forêt avec une affiche où était écrit : pour le ‘méchant géant’. Tous les enfants du village firent la file pour aller installer le tout en grande cérémonie. Bien que certains adultes ne voyaient pas cela sous un très bon œil, ils n’osèrent pas s’y opposer puisque les enfants restaient aux limites du village et que cela ne causait aucun tort. Mais même s’ils ne disaient rien, les adultes observaient du coin de l’œil ou caché derrière un rideau.

Chaque jour on voyait un enfant ou deux prendre le petit sentier et déposer quelques objets dans la boîte. Parfois un fruit ou un biscuit. Parfois un toutou ou une couverture. Et une multitude d’autres choses. Et le matin venu tout avait disparu. Quotidiennement, certains adultes allaient vérifier dans la boîte et en revenaient en se grattant la tête.

C’était, vous vous en doutez certainement, Napoléon, qui, la nuit venue, prenait avec précaution la route de la montagne, les bras chargés de cadeaux pour son ami.

Et puis les choses prirent un tournant étonnant. On vit apparaître dans la boîte destinée au ‘méchant géant’ un chaudron rempli de ragoût, un livre, des pantoufles tricotées à la main, des mouchoirs aux tissus colorés… et tout plein d’autres choses. Et Napoléon, confiant en son plan, garda espoir.
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Malgré tout ce que lui racontait Napoléon, le ‘méchant géant’ refusait de descendre au village pour rencontrer les villageois. Le jeune garçon n’insista point. Il passa tout simplement à la prochaine étape de son projet.
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Un matin, on trouva, sur la grande place du village, un grand carton sur lequel était écrit : Merci pour l’oreiller et la couverture. Un autre matin, Madame Boratin retrouva sur le seuil de sa porte son chaudron tout propre. En soulevant le couvercle elle y trouva une feuille sur laquelle on avait dessiné un cœur. La mère de Napoléon trouva dans sa boîte aux lettres la recette de la soupe du ‘méchant géant’ que ne cessait de lui réclamer son fils. Jeanne trouva un petit mot glissé sous sa porte qui disait : Vos pantoufles me vont parfaitement. (Même si en fait elles étaient beaucoup trop grandes pour un géant qui n’était pas géant du tout) Et ainsi de suite.

Chaque jour il y avait un petit quelque chose offert dans la boîte du géant et chaque matin il y avait ici et là un mot, un cadeau de la part du ‘méchant géant’.

Et quelque chose de plus surprenant survint alors. Toute la peur, toute la suspicion qu’avait fait naître puis entretenu toutes ces fausses histoires sur l’homme de la montagne se mirent à fondre malgré le froid hivernal. Certains adultes se mirent à douter, se disant qu’après tout, ils n’avaient que répété ce qu’ils avaient entendus. Certains autres furent touchés par les attentions du géant qui n’avait vraiment pas l’air méchant. Certains autres se dirent que malgré tout, même un ‘méchant géant’ devait s’ennuyer tout seul dans la forêt. Et certains, et même plusieurs pour ne pas dire la majorité, finirent par se dire que peut-être… peut-être que toutes ces histoires étaient fausses !

Les regards de crainte vers la montagne se transformèrent peu à peu. On put y percevoir de la curiosité, du repenti, et l’envie… et oui… l’envie d’aller à la rencontre du mé…  enfin… de cette personne qui vivait depuis si longtemps, isolé de tout et de tous. Mais ce n’était qu’une envie et personne ne s’y aventura ou n’osa être le premier à y aller.

Alors Napoléon ajouta une nouvelle étape à son plan et en parla à son ami. Le vieil homme, pour une fois, comme Noël approchait, accepta de suivre toutes les directives de son meilleur ami sans rouspéter. Et puis, parce que sûrement, en lui aussi, les choses changeaient.
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vendredi 14 décembre 2018

Le 'méchant géant' partie 2/4


Ainsi passèrent les vacances d’été de Napoléon. À ses parents il disait aller ici et là, s’être endormi au parc, avoir joué au soccer avec untel, avoir fait tout un tas de choses de son été alors qu’en fait il rendait visite, jour après jour, à l’homme de la montagne qu’il ne voulait plus nommer le ‘méchant géant’. Celui-ci, à mesure que leur amitié grandissait, lui raconta ce qui était survenu dans sa vie pour qu’il se retrouve ainsi isolé de tous et même, mis de côté.

-Maintenant… les gens d’en bas ont leur idée et rien ne pourra leur en faire changer!
-C’est bien triste en tout cas, murmura Napoléon. Je pourrais leur dire à tous que tu es gentil et les choses s’arrangeront!

La candeur du garçon touchait le vieil homme qui savait que quand quelque chose était si fortement enraciné dans l’esprit des gens il était bien ardu de l’en déloger.

-C’est peine perdue, répétait le vieil homme à chaque argument avancé par le jeune garçon.

Napoléon fronça alors les sourcils ne voulant nullement faire un X sur son projet de ramener le vieil homme au village. Dans son carnet secret il faisait maintenant de moins en moins de dessin mais il y mettait ses idées. En fait, il y élaborait un plan.
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Quand l’école reprit avec la venue de septembre, il ne put rendre visite à son ami aussi souvent et il se dit que le moment était venu de passer à l’action. Par un samedi matin, il prit le chemin de la montagne, passa quelques heures avec son ami puis, vers le milieu de l’après-midi il prit le chemin du retour. Or, avant de sortir de la forêt, il prit le temps de se salir le visage et les vêtements, de déchirer son pantalon au genou, de s’écorcher le coude avec une branche (aïe) et de se mettre quelques brindilles dans les cheveux. En boîtant, il rentra chez lui. Ses parents, affolés, vinrent à sa rencontre et lui demandèrent ce qui s’était passé.

-Je… je suis allé dans la montagne…
-Et le ‘méchant géant’ t’a attrapé? demanda sa mère en joignant les mains sur sa poitrine.
-Non… je suis monté sur un haut rocher…
-Et là le ‘méchant géant’ a voulu t’attraper? dit son père en levant un doigt menaçant.
-Non… continua Napoléon qui commençait à s’impatienter. J’ai perdu pied et je suis tombé.
-Et là le ‘méchant géant’ a voulu te manger ? demanda sa tante Sophie qui était en visite pour l’après-midi.
-NON! Hurla le petit garçon. Je suis tombé tout seul et personne n’a voulu m’attraper ni me manger. Mais…
-Mais… dirent tous les adultes qui s’étaient rassemblés autour de lui, en se penchant légèrement vers lui pour mieux entendre ce qu’il avait à leur dire…
-Le ‘méchant géant’ m’a aidé à me relever, il m’a amené chez lui et m’a servi un bol de soupe, il m’a donné un mouchoir et ce bâton pour m’aider à marcher et m’a raccompagné sur le sentier de la forêt.
-Non… dit sa mère en secouant la tête. Ce ne pouvait pas être lui.
-Si si maman. Quand je lui ai demandé son nom il m’a dit qu’il était le ‘méchant géant’.

Mais avant qu’il ait pu en dire plus, ses parents l’avait entraîné à l’intérieur de la maison pour l’examiner sous toutes ses coutures, le mettre dans le bain et lui trouver des vêtements propres. Et le sujet ne fut plus abordé. En fait oui. Son père, avec son ton le plus ferme et son regard le plus sévère lui dit :

-Tu ne dois absolument pas aller dans la montagne.

Napoléon ouvrit la bouche pour protester mais son père a aussitôt clos la discussion d’un terrible ‘Jamais tu m’entends !!!’
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Vous vous doutez certainement qu’après cet incident, les parents du garçon le surveillèrent étroitement. Plus question de sortir en douce et de s’aventurer dans la montagne. Ni de parler du ‘méchant géant’. Ne leur avait-on pas dit depuis des décennies qu’il fallait craindre celui qui vit dans la montagne?

Bien que déçu, le jeune garçon ne renonçait pas à son projet. Ce qui est ancré profondément dans l’esprit des hommes ne s’y décroche pas si aisément! Le vieil homme l’en avait bien averti. Alors Napoléon profitait de ses soirées passées dans sa chambre à étoffer son plan, à en décrire de nombreuses étapes et une multitude de finalités.
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jeudi 13 décembre 2018

Le 'méchant géant' Partie 1/4


Le méchant géant


Dans une montagne qui se trouvait près d’un petit village isolé, vivait un ‘méchant géant’. En fait, c’était ce que la rumeur disait. C’était ce que les plus âgés répétaient aux plus jeunes depuis de nombreuses années. C’était surtout, avouons-le, un moyen facile, pour tout adulte, d’apeurer et de menacer les tout-petits et moins petits du village.

Qu’y avait-il de vrai parmi toutes ces histoires farfelues et effrayantes? Personne ne le savait vraiment mais personne n’aurait osé affirmer que tout cela était faux. Cela était dit et répété et devait donc, incontestablement être vrai, n’est-ce pas? Et puis… comme tout cela leur était utile en quelque sorte, aucun adulte sensé n’aurait osé soulever la question!

Alors les histoires à propos du ‘méchant géant’ se multipliaient au fil des ans. Certaines d’entre elles disaient que de ses crocs acérés, il pouvait dévorer un bras ou une jambe en une seule bouchée. Certaines racontaient, bien sûr, qu’il capturait puis enchaînait les enfants qu’il rencontrait sur sa route. Et je vous épargne tous les autres attributs dont on le dotait parce que la liste en serait tout simplement beaucoup trop longue. Une seule chose demeurait constante dans chaque histoire : Il valait certainement mieux ne pas rencontrer cet horrible ‘méchant géant’.
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Napoléon, âgé de 11 ans, avait été bercé par ces histoires depuis sa tendre enfance. Plusieurs fois il avait osé poser quelques questions mais ses parents, grands-parents ou voisins, d’un simple regard ou d’un croisement de bras sur la poitrine l’avaient invité à se taire. Pourtant… Comme il n’avait jamais vu de ses propres yeux le ‘méchant géant’ les questions subsistait en lui et il se disait, maintenant qu’il était un peu plus vieux, que les adultes beurraient peut-être un peu épais, juste pour les tenir sous leur joug. Mais bien sûr, d’un côté comme de l’autre il n’avait aucune preuve.
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Comme tous les matins depuis le début des vacances d’été, Napoléon s’installa dans le jardin de ses parents et il regarda longuement la montagne qui se dressait devant lui.

Et si… et si j’y allais… juste pour voir… se dit-il pour au moins la millième fois.

Et ce matin-là, son goût pour l’aventure ou sa curiosité ou son désir de trouver une réponse à ses questions l’invitèrent à mettre quelques trucs à grignoter dans son sac et à prendre le chemin à peine tracé dans les herbes hautes pour aller dans la montagne.
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Napoléon erra ici et là, observant un oiseau qui picorait une graine, faisant la course avec un écureuil, cueillant quelques framboises. Au bout d’un moment, le jeune garçon s’installa sur un haut rocher et sorti de son sac son crayon et son carnet et se mit à griffonner dedans, ce qui retint son attention un long moment. Quand enfin il releva le regard il vit au pied de son rocher un vieil homme qui s’y tenait et qui semblait attendre.

-Bonjour, dit Napoléon.
-Bonjour, répondit le vieil homme.
-Qui êtes-vous? demanda le jeune garçon bien naïvement.
-Je suis… le méchant géant.

Napoléon rit car la personne qui se tenait devant lui n’avait rien de ce que lui avait décrit tous les adultes du village.

-Où sont tes crocs acérés? demanda-t-il moqueur.
-Je n’en ai pas.

Et le vieil homme ouvrit grand la bouche pour lui montrer ses dents.

-Où se trouve la cage dans laquelle tu enfermes les enfants?
-Je n’en ai pas, dit le vieil homme avec un léger sourire en ouvrant tout grand les bras et en regardant tout autour de lui.
-Où est le chaudron dans lequel tu peux faire cuire un mouton en entier?
-Je n’en ai pas, répondit-il en haussant les épaules.
-Alors tu ne peux pas être le ‘méchant géant’, conclut le jeune garçon pour qui ce fait était une évidence.
-Pourtant je le suis. Au fil des ans, au fil des ragots et de l’imagination de chacun, voilà ce que je suis devenu aux yeux des villageois. Tu sais, reprit-il un peu tristement, je me faufile parfois au village, me faisant passer pour un inconnu de passage et j’écoute alors ce que l’on dit de moi. Ce que j’y entends ne m’incite pas à y remettre les pieds et encore moins à dire qui je suis et où je vis. Au fil des ans, je me suis fait à mon sort.
-Mais je ne comprends pas, s’obstina Napoléon. Et vous n’êtes même pas si grand que ça!

Et là le vieil homme a ri. Très fort et très longtemps. À s’en tenir le ventre, à s’en plier en deux et même à en pleurer.

-Ouf, dit-il quand il put reprendre son souffle. Ça faisait longtemps.

Le ‘méchant géant’ qui était en fait, ni géant ni méchant vint rejoindre Napoléon sur son rocher et lui avoua que ce lieu était son endroit préféré de la forêt. Napoléon sorti de son sac ce qu’il avait apporté à manger et il partagea avec son nouvel ami.
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samedi 24 novembre 2018

Rendre grâce




Rendre grâce. Plus souvent. Intensément. Avec authenticité.

J’essaie vraiment de la vivre, de la ressentir à temps plein la gratitude.

J’essaie vraiment fort.

Mais franchement… Je n’arrive pas toujours à vivre selon ce que l’on dit être la meilleure, la plus satisfaisante, la plus enrichissante façon de vivre.

Je me concentre sur mes mercis mais on dirait que ça ne me chavire pas autant que je le voudrais. Que mes mercis restent coincés dans ma tête au lieu de venir du fond de mon cœur. Que c’est mécanique plutôt que naturel. Que j’ai bien appris la théorie mais que la pratique ne fait pas encore de moi une experte. Que quelque chose accroche, qu’un déclic ne se fait pas pour obtenir les résultats espérés.

Je suis déçue. Je veux pourtant très fort. Peut-être trop fort. Comme toujours.

Alors je me relève les manches. Alors j’apprends à rendre grâce un peu plus chaque jour. J’essaie de descendre un peu plus profondément en moi, de laisser mon cœur s’exprimer plus librement, de me laisser toucher par la vie, d’être grandement ébranlée par la beauté de tout ce qui m’entoure, par l’extraordinaire complexité de qui je suis, par l’éternelle retour du nouveau jour qui permet tout. Je veux être totalement consciente tout cela. Pour vrai. Pas juste dire merci mais de plutôt le ressentir dans mon être tout entier.

Alors lentement mais sûrement je progresse sur la voie de la gratitude.

Je me dis qu’un jour je serai touchée par la grâce de rendre grâce avec aisance et profondeur, avec sincérité et exaltation et que cela fera vibrer chaque parcelle de moi-même et que ma vie en sera alors grandement illuminée. Je me dis qu’un jour, j’arriverai à syntoniser l’extraordinaire ici et maintenant, au présent. Je me dis qu’un jour, l’ordinaire du quotidien sera pour moi une source inépuisable de ravissement et d’émerveillement. Je me dis qu’un jour, vivre un moment à la fois me semblera être la plus merveilleuse aventure qui soit. Je me dis qu’un jour mon dedans sera remplie d’une chaleur réconfortante et rassurante qui m’assurera que tout est bon et beau, que je suis très exactement là où je dois être et que tout est parfait. Je me dis qu’un jour j’arriverai à dire merci en ayant la certitude, jusqu’au plus profond de moi que tout est, en moi et autour de moi, lumineux, magique et merveilleux. Je me dis qu’un jour, je serai pleinement reconnaissante pour l’être humain que je suis et que je saurai m’accepter, m’apprécier et m’aimer. Je me dis qu’un jour je vivrai en me sachant comblée et bénie pour chaque instant de mon existence. Je me dis qu’un jour, chaque situation de ma vie me semblera être un cadeau rempli de tout ce qui m’est utile et nécessaire pour me parfaire, pour progresser, pour réussir. Je me dis qu’un jour, j’acquerrai cette faculté de rendre grâce avec aisance pour tout… pour ce que je suis, ce que je possède, ce que je reçois et pour tout ce qui vient vers moi et que je pourrai alors enfin vivre ma vie avec aisance, légèreté et confiance. Je me dis qu’un jour la reconnaissance jaillira du plus profond de moi tel un feu d’artifices, que ça débordera sans que je n’aie à y penser et que je serai profondément émue par cette vie merveilleuse à laquelle je participe.

C’est comme ça que je veux vivre. La reconnaissance je veux la sentir dans toutes mes tripes, que mon esprit en soit éclairé, mon visage illuminé, ma vie transformée.

Je me dis qu’un jour, il en sera ainsi.

Redressez-vous




Redressez-vous. Bombez le torse. Élevez le regard.

N’écoutez pas ceux qui n’ont que des reproches à vous faire. N’obéissez pas à ceux qui vous disent de courber l’échine. Éloignez-vous de ceux qui tentent de vous faire croire que vous vous tromper, que vos opinions ne sont pas les bonnes, que vous valez si peu ou qui ne respectent pas qui vous êtes. Ne pliez sous la pression exercée par les autres ou par la société. Ne suivez pas la meute sous prétexte que cela sera plus aisé ainsi. N’acceptez aucun compromis pour ce qui vous tient à cœur et surtout pour ce que vous êtes. Ne reniez pas qui vous êtes. Ne reniez pas votre vie. Ne vous écartez pas de votre voie.

Mais surtout…

Redressez-vous… et rappelez-vous vos valeurs, vos priorités de vie et vos objectifs. Engagez-vous totalement pour ce que vous croyez être juste et bon pour vous. Suivez impérativement vos appels intérieurs, vos passions et votre enthousiasme. Honorez et célébrez l’être humain merveilleux que vous êtes. Vivez pleinement en conformité avec vos propres règles de vie. Reconnaissez que pour réaliser vos rêves, c’est à la suite de ceux-ci que vous devez vous engager.

Arrêtez de vous juger pour vos écarts et vos échecs ou de ressasser un passé qui est déjà mort. Cessez de vous excuser indéfiniment, de vous blâmer, de vous accuser du pire, de vous croire le plus mauvais d’entre tous. Arrêtez de vous punir pour des fautes qui sont derrières vous, de saboter votre maintenant, d’amputer votre demain à cause d’erreurs qui ne peuvent témoigner que de votre manque de connaissance, de vos essais ou de votre volonté à réussir. Arrêtez de dire ‘si je pouvais recommencer’ ou ‘j’aurais donc dû’.

Mais surtout…

Bombez le torse… et soyez fier de votre vie. Tout le chemin parcouru, avec ses hauts et ses bas a fait de vous un être riche d’expériences et de leçons, fortifié d’un vécu fait de défis, d’expériences, de dépassements et d’accomplissements. Récoltez d’hier les enseignements qu’il a pour vous et délaissez la douleur, les regrets et la culpabilité. Sachez vous pardonner. Portez un regard honnête sur votre vie et reconnaissez que vous êtes un combattant, un être de courage et de détermination et que tout ce que vous avez réalisé vaut mille fois plus que ce que vous avez raté.

N’acceptez pas de baisser les yeux, de longer les murs ou de vous cacher parce que la voix dans votre tête vous dit que vous valez bien peu. Cessez de dire que vous ne méritez que l’ordinaire ou que vous êtes de classe inférieure, voire minable. Cessez de vous comparer, d’envier ou de vous maudire. Mettez fin à tout dialogue intérieur qui parle en mal de qui vous êtes, de ce que vous faites ou de vos rêves. Ne rejetez pas qui vous êtes, pour plaire, pour être accepté, ou pire, pour être aimé. Ne dites jamais : ‘ceci n’est pas grave’ ou ‘juste pour cette fois’.

Mais surtout…

Élevez le regard… et affirmez haut et fort que vous en avez assez de toutes ces balivernes, que ces mensonges doivent cesser. Admettez que vous connaissez la vérité à propos de qui vous êtes et qu’en elle seule vous mettez dorénavant votre foi. Pariez sur vous. Choisissez de croire que vous n’avez rien à rejeter ou à délaisser de vous-même : Que vous êtes parfait tel que vous êtes. Soyez respectueux et bienveillant en tout temps envers l’être fabuleux que vous êtes. Sachez vous aimer. Dites-vous qu’être différent est une valeur gagnante, que de se démarquer permet de briller.

Redressez-vous. Bombez le torse. Élevez le regard.

Estimez-vous comme le plus précieux des trésors. Croyez en vous avec ténacité et fougue. Quoi qu’il arrive, suivez votre cœur.

Vous êtes quelqu’un de bien. De grande valeur. Précieux.

Vous êtes une personne unique, spéciale et exceptionnelle.

Voilà.

Voilà tout ce que vous êtes.



samedi 10 novembre 2018

les pires jours de ma vie




Les pires jours de ma vie. Il y a des jours qui me semblent êtres les pires jours de ma vie. Et ils le sont. Parce que ces jours-là, je suis au cœur d’une tempête qui ravage tout sur son passage. Parce que ces jours-là, la peur et la douleur prennent alors toute la place. Parce qu’alors la panique s’installe. Parce qu’alors le focus est fait sur ce qui déstabilise et blesse. Parce qu’alors toutes les émotions qui m’envahissent m’empêche même de respirer.

Le jour 1… c’est celui qui me jette à terre, celui qui me démolit, celui où tout s’effondre, celui où je ne suis plus rien.

Oui… Il y a des jours qui me semblent être les pires jours de ma vie.

Mais heureusement qu’il y a les jours qui suivent.

Les jours qui suivent sont ceux qui décident de mon avenir, qui déterminent si je veux devenir celle qui se retrousse les manches ou celle qui s’enlise et se décompose dans le malheur. Les jours qui suivent sont ceux qui déterminent si la situation va stagner, empirer ou s’améliorer. Les jours qui suivent sont ceux qui me permettent de choisir entre l’abandon ou le courage.

Même si le jour 1 reste gravé en moi, les jours qui suivent tracent une voie. Parce que la vie continue. Parce que je me rends compte qu’essayer vaut mieux que tout. M’apitoyer, ressasser, crier à l’injustice et me laisser mourir ne me ressemble pas. Alors je me relève et j’opte pour combattre. Les jours qui suivent finissent par me convaincre que j’y arriverai et qu’un jour tout cela sera derrière moi. Les jours qui suivent sont ceux où je me définis comme un guerrier pour qui laisser tomber n’est pas une option, où ce que je suis vraiment refait surface.

Et puis un jour, même si le jour 1 reste très clair dans mon esprit, un souvenir ineffaçable, je me dis qu’il y a un ‘après’. Un ‘après’ qui vient avec de nouvelles certitudes.

Des certitudes qui sont parfois difficiles à s’avouer, à accepter, à proclamer. Mais je vais le faire quand même parce que pour moi cela ne fait plus aucun doute :

Les difficultés instruisent : celles-ci sont riches en leçons et en apprentissages. Les épreuves rendent plus fort : Celles-ci me permettent de constater que je suis capable de beaucoup plus que je ne le pensais. Les malheurs font émerger certaines vérités : ceux-ci m’amènent à aller vers l’intérieur, à puiser en moi, là où se trouvent toutes les forces et toutes les réponses. L’adversité change ma vie : celle-ci contribue à laisser émerger le meilleur de moi. Les calvaires sont parfois un chemin nécessaire : Ceux-ci redéfinissent les priorités de vie, mettent en évidence les vérités qu’on ne veut plus jamais oublier. Les catastrophes ouvrent les yeux et le cœur : celles-ci transforment les pensées, modifient les attitudes, créent de nouvelles convictions. Les situations difficiles font grandir : celles-ci me permettent de mieux définir qui je suis et ce que je souhaite pour ma vie.

Je me dis qu’avec le désastre vient un cadeau… et même plusieurs. Ceux-ci sont toujours découverts beaucoup plus tard mais le plus important, c’est justement de pouvoir reconnaître qu’il y avait, dans les pires jours de ma vie, quelque chose de bon avec lequel je peux bonifier mon avenir. Il me faut bien avouer que dans les pires jours de ma vie, il y avait quelque chose qui m’a permis de devenir meilleure, plus authentique, plus en paix, plus heureuse.

dimanche 5 août 2018

Discours intérieur


DISCOURS INTÉRIEUR.  Les petits amis du centre de la petite enfance où je travaille vous diraient qu’ils connaissent bien ‘line la coquine’. Et bien moi, je vous dis que je connais plutôt bien ‘Line la pas fine’.

Celle-ci vit dans ma tête et elle a toujours plein de choses à dire. Et elle parle fort. Et je ne sais pas pourquoi je l’écoute parce qu’avec le recul je comprends qu’elle dit juste des menteries. Avec ses propos ‘pas gentils’ à mon égard, elle me fait trembler, craindre et douter, reculer, abandonner, courber le dos ou baisser les yeux. Quand elle parle de moi j’ai l’impression de n’être pas grand-chose ou toujours dans le tort.

Ses mensonges ont pourtant l’air vrais. Et comme je m’y attarde, ils prennent de l’ampleur et de plus en plus de place. Et un jour je me mets à croire vraiment que ce que cette voix-là raconte est la réalité et qu’elle détient la vérité. Je me dis qu’elle a l’air si sûre d’elle, qu’elle doit dire vrai car ses mots sont convaincants. Ses arguments nombreux et solides. Elle n’est jamais à court de commentaires.

Il suffit qu’il y ait une fine brèche en moi pour que ses propos s’infiltrent tel un poison qui contamine tout rapidement. Peu à peu, la voix dans ma tête me brise, me rapetisse, me fait perdre confiance et espoir. Et alors il est bien difficile de faire marche arrière. Après qu’on la croit, la voix démone rit sous cape parce qu’alors elle sait qu’elle nous domine, que son emprise grandit et qu’elle a quasiment gagné la partie. C’est alors pour elle un jeu d’enfant de nous amener à tout saboter, à broyer du noir, à faire le deuil de nos beaux projets et de notre vie de rêve!

Mais je vous garantis que cette voix-là ne va pas gagner. Je travaille fort sur le dossier. Cette voix tenace, je lui tiens de plus en plus tête. Je lui dis de se taire. Je me montre autoritaire et déterminée à ne plus la laisser s’exprimer à sa guise. Je lui impose le silence. Je lui dis ‘c’est assez!’ et je lui démontre par ce que je pense, par ce que je dis et fais qu’elle a tort. Elle finira bien par comprendre que je suis plus forte qu’elle!

Ce n’est pas vrai qu’elle va me gâcher ce qui me reste de vie. Il est temps que sa tyrannie prenne fin car cette voix-là a déjà fait trop de dégâts. J’ai déjà gaspillé trop d’années à écouter tout le mal qu’elle avait à dire de moi et de tout ce que je faisais. Vous voyez… J’ai écrit la dernière phrase à l’imparfait, signe que son règne s’achève, que la guérison est bien entamée. Mon p’tit démon intérieur agonise. ‘Line la pas fine’ se meurt.

Maintenant je m’efforce d’écouter avec plus d’attention l’autre voix. Celle qui vient d’un peu plus bas : Du cœur. La voix du cœur est bien plus mélodieuse à mon oreille. Quand elle parle je souris, je me détends, je me sens bien et je me mets à rêver. Et alors je me sens heureuse, bénie et prête à vivre pleinement. En sa compagnie j’apprends à m’aimer et à aimer la vie. Et ça fait toute la différence.

Et il faut bien admettre que c’est certainement cette voix-là, celle qui est belle, rassurante, pure et gentille, inspirée et enthousiaste qui me permet d’être, pour les petits amis du centre de la petite enfance, ‘line la coquine’!

samedi 28 juillet 2018

Éloge au courage


ÉLOGE AU COURAGE. Le courage… je dis souvent que je n’en ai pas. Ce qui est faux bien sûr. Ultra-faux.

Le courage, on l’a tous au fond de soi. C’est juste que des fois je l’ignore de peur de ce qu’il exigera de moi parce que je sais qu’avec l’acceptation de sa présence dans ma vie, je devrai aussi m’intéresser à effort et persévérance, à dépassement de soi et à patience. Car le courage, pour être efficace, doit s’entourer de bien d’autres qualités.

Le courage, celui qui est mien, est rarement flamboyant. Il s’exprime dans les petits gestes que je pose, dans les petits changements que j’ose effectuer, dans les petites décisions que je sais maintenir. Un jour à la fois.

Le secret du succès de mon courage réside dans chaque petit pas que j’accepte de faire, quand je choisis d’aller de l’avant, quand c’est difficile et douloureux. C’est dans les pire moments de ma vie où j’arrivais à peine à respirer que le courage a été le plus présent et où sa présence a été marquante. J’en suis certaine. Il m’a permis de continuer à vivre.

Même s’il est déployé à petites doses, il sait faire une différence… au fil du temps il accomplit de grandes choses. Il se fait discret mais il œuvre de façon soutenue. Cela fait partie de sa magie. Car pour lui rien ne lui semble inaccessible : Son regard ne perçoit que le succès, la victoire et l’accomplissement. Il tient bon et m’encourage à m’accrocher à lui. Ce que je fais. Car inexplicablement, je ne peux faire autrement.

Le courage est un allié sur qui je peux compter. Il me fait agir avec plus d’assurance et plus de détermination. Tout devient peu à peu plus facile avec lui qui guide mes pas. Parce qu’il croit en moi je me mets à croire en moi. Parce qu’il croit en la réussite, je me mets à y croire aussi. Lentement mais sûrement, le courage me conduit là où je ne croyais pas pouvoir aller.

Toujours le courage est déterminé à accomplir sa mission. Car le courage est un guerrier qui va jusqu’au bout, jusqu’à conquérir ce qu’il a décidé de conquérir. Car il en est ainsi : Une fois dans l’action, plus rien ne peut l’arrêter. Il est prêt à faire des miracles pour moi et ma vie.  J’en ai été témoin. De nombreuses fois.

Même si parfois j’ai l’impression de ne rien avoir accompli d’exceptionnel ou de grandiose, un simple regard par-derrière mon épaule me fait voir tous mes progrès, toutes mes victoires, tout le chemin parcouru. Moi seul sait vraiment combien j’ai dû recourir au courage pour parvenir là où je suis maintenant. Moi je sais. Et j’en suis troublée.

Dans ces jours difficiles, dans ces moments douloureux, le courage m’a tenu la main. Sur lui j’ai pu m’appuyer. Avec lui j’ai eu recours à un deuxième souffle qui m’a permis de continuer et de persévérer. Grâce à lui j’ai pu puiser dans des forces que je ne me savais pas posséder. À cause de lui j’ai misé sur l’espoir. Avec lui j’ai vaincu.

Le courage, on l’a tous en soi. Personne ne fait exception à cette règle. Vous êtes courageux, j’en suis certaine. Admettez-le.

Le courage, on y a tous recourt un jour où l’autre. Parfois sans s’en apercevoir. Parfois en devant creuser au plus profond de soi. C’est ainsi… Parce que les soucis, parfois petits, parfois grands, font partis de la vie.

samedi 14 juillet 2018

Rien faire.


RIEN FAIRE. Je suis en vacances et rien faire… j’trouve ça difficile. Disons que je carbure plutôt à la performance, au rendement et à la productivité. Pas besoin de personne pour me faire rentrer dans ce moule-là : Je fais ça toute seule. Alors difficile de lever le pied de la pédale à gaz, de se dire : « juste respirer, juste vivre c’est o.k. » ou « ouste la culpabilité, j’ai besoin d’air! ».

Pourtant mon corps et mon esprit en ont besoin de ce temps béni. Je suis fatiguée. Je réclame un répit depuis longtemps et maintenant que ça y est, que la vie se met enfin sur ‘pause’ un moment, je tourne en rond pis que j’me dis que ‘rien faire’, ça juste pas d’allure. Pourtant une petite voix en moi me dit que j’ai le droit et que surtout, c’est largement mérité.

Ma liste de vacances faite pour planifier mes vacances… ressemble à ma liste de tous les autres jours. Avec des bonus. Oui, oui… Des ajouts du genre… ‘tout ce que je n’ai jamais eu le temps de faire et qu’il faudrait bien que je fasse’. Des choses plates, déprimantes et que je remets de semaine en semaine. Mais rassurez-vous car cette année, je n’ai pas eu vraiment le temps pour ces extras. Même si je suis remplie de bonne volonté pour faire ‘avancer mes tâches’ durant ces jours de relâche, ça progresse à pas de tortue. Le matin je jette un œil à ma liste manuscrite avec soin puis je m’en détourne rapidement. Je remets à plus tard ou je me dis ‘est-ce vraiment une urgence?’ Je préfère suivre mon cœur… mon rythme qui est ralenti durant cet accalmie. J’avoue que ça ne me ressemble pas de délaisser mon plan et que je suis un peu affolée le soir venu lorsque je n’ai rien à cocher sur ma liste, mais pour une première fois dans ma vie, j’y arrive sans trop de culpabilité.

À la place de produire je choisis de vivre. Pis avec un grand V à part ça… Tout un défi pour la fille que je suis.

Alors voilà ce à quoi j’emploie la plus grande partie de mon temps vacances cette année :

1.Dormir. Tant que j’en ressens le besoin. J’avoue qu’habituellement je trouve que c’est du temps perdu mais je pense franchement qu’il s’agissait là d’une urgence.

2.Faire ce qui me plaît. Suivre l’inspiration du moment. Lire, lire, lire dans mon cas. Surtout ça. Lire sans me préoccuper du temps qui passe. Des heures et des heures passées, confortablement installées sur ma chaise longue… limonade à volonté… suivi d’un verre de rosé en fin de journée!

3.Me reposer. À ne surtout pas confondre avec dormir!!! Écouter les oiseaux jaser, les observer dans leurs diverses occupations. Admirer mes jardins, le vol d’un papillon, profiter de la piscine… et pis… Rien faire du tout.

4.Réfléchir. Repenser ma vie. Faire un ti-bilan. Me fixer des buts tout en définissant les moyens pour y parvenir. Mettre mes projets nouvellement nés en moi sur papier, les accompagnant de nombreux détails. M’inventer de nouveaux mantras. Prendre certaines décisions et me promettre de m’y tenir.  

5.Manger. J’avoue que je suis habituellement plutôt rigoureuse quant à mon alimentation. Pour ces quelques jours de farniente on mange cependant ce qui demande un minimum de préparation. (Mon conjoint dirait qu’il prend plusieurs portions de légumes par jour… ben oui… sous forme de frites ou de chips!)

Et voilà. Il me reste encore quelques jours à meubler ainsi mon temps. À m’engager pleinement à dire OUI à la vie et à ici et maintenant. En mettant de côté les obligations et ce qui ne me tente pas du tout. J’ai décroché et j’en suis fière car j’en ressens tous les bienfaits même si je redoute un peu le matin où je devrai remettre mes bottines! Ces jours qu’il me reste, je vais en chérir chaque moment je vous le garantis… Parce que des vacances… ça passe toujours trop vite!

Rien faire. J’en ai le droit… et même le devoir. Je vous l’dis… j’vais y mettre tout mon cœur, jusqu’à la dernière seconde dans mon projet ‘juste vivre’.

Alors voilà… Liste 1 : Choses rentables côté productivité, corvées et toutes autres tâches ennuyeuses. Liste 2 : Choses profitables côté corps, esprit et cœur, qui donnent le sourire et qui nous permettent de refaire le plein d’énergie et d’enthousiasme.

Quelle liste allez-vous prioriser?

Bonnes vacances!